Après dix jours d'une compétition des plus rudes, où 16 spectacles étaient en lice pour décrocher la première distinction du festival, c'est finalement la troupe de Chlef qui a remporté haut la main le prix du Meilleur spectacle pour sa pièce La voie lactée (Derb Etabana», adaptée et mise en scène par Missoum Laroussi. Il s'agit d'une œuvre éponyme, signée par le dramaturge et scénariste allemand Karl Wittlinger. Missoum Laroussi a dédié ce prix à tous les artistes et disparus de la tragédie nationale. Il n'a pas manqué de souligner que ce prix est avant tout la résultante d'un travail collégial. Cette soirée de clôture a réuni un public impressionnant féru de 4e art. Le tapis rouge a été déroulé pour la circonstance afin de recevoir les invités du festival, à l'image, entre autres, du nouveau ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, du directeur du TNA et commissaire du festival, Mohamed Yahiaoui, du directeur de l'ONDA, Samy El Hocine Bencheikh, du directeur de l'ONCI, Lakhdar Bentorki, du président du Conseil national des arts et des lettres, Abdelkader Bendaâmache, de la comédienne Amina Medjoubi, du chanteur et universitaire Nourreddine Saoudi, du réalisateur Belkacem Hadjadj, et du directeur de l'Orchestre symphonique d'Alger, Adelkader Bouazzara. Dans son discours de bienvenue, le commissaire du festival, Mohamed Yahiaoui, a indiqué que les soirées de cette 10e édition resteront gravées dans la mémoire collective. «Cette édition, dit-il, a permis non seulement de mesurer le talent des comédiens algériens, mais également de nous recueillir à la mémoire de ceux qui ont su porter à bras-le-corps le théâtre algérien. Nous nous devons de suivre leur exemple. Vous avez tous gagné des prix, mais je pense que le plus grand gagnant c'est le 4e art algérien.» Place ensuite à un spectacle loufoque de pantomime en plusieurs tableaux, exécuté par le dramaturge et comédien Lotfi Bensbâa, du théâtre régional de Batna. Comme le veut l'usage dans ce genre de cérémonie de clôture, plusieurs prix ont été attribués aux lauréats. Le prix du Jury est revenu au théâtre Kateb Yacine de Tizi Ouzou pour sa pièce Tifi, mise en scène par Lyès Mokrab. Le prix du Meilleur texte a été décerné par le metteur en scène Mohamed Cherchel, pour la pièce El Haïcha, produite par le TNA. Si le metteur en scène Fawzi Benbrahim a raflé le prix de la Meilleure mise en scène pour la pièce N'Zidelek du théâtre régional de Batna, Yahia Benaâmar a été le récipiendaire du prix de la Meilleure scénographie pour le spectacle Tahaoulat, du théâtre régional de Souk Ahras. Le prix de la Meilleure interprétation masculine a été remporté par Ramzy Kedja, du théâtre régional de Batna, tandis que celui de la Meilleure interprétation féminine est allé à Chahrazed Khelifa, du théâtre de régional de Skikda, et Houria Bahloul, du théâtre régional d'El Eulma-Sétif (ex æquo). Le prix de la Meilleure création musicale a été remis à Nadjib Gherissi, pour son montage musical de la pièce Dalali, produite par le théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Si cette 10e édition a été caractérisée par cette richesse au niveau des productions théâtrales, il n'en demeure pas moins que le président du jury, Djamel Marir, a annoncé une série de six recommandations, dont la suppression de la commission du jury et, par transitivité, des prix. Façon singulière, selon le dramaturge Djamel Marir, de stimuler la création théâtrale et de faire abstraction de récompenser les meilleures œuvres. «Le festival doit revenir à sa fonction première, celle de baliser un terrain où les créations artistiques se retrouvent pour des échanges fructueux», recommande-t-il. L'accent a été également mis sur la formation en direction des jeunes, sur la périodicité mensuelle d'une revue théâtrale au niveau de chaque théâtre, sur la rencontre régulière des directeurs de théâtre à l'échelle nationale, et enfin sur la nécessité de revoir les mécanismes de la distribution.