C'est la coopérative « Les amis de l'art » de Chlef qui a remporté le prix de la meilleure pièce avec « Derb Etebbana » (la voie lactée) du metteur en scène Missoum Laâroussi. Ecrite par le dramaturge et scénariste allemand Karl Wittlinger, elle raconte l'histoire d'un patriote qui a tout perdu (mémoire, identité, épouse et biens) après une disparition d'une dizaine d'années. « Cette distinction est un honneur pour moi . C'est la récompense d'un travail de tous les membres de la coopérative. Je la dédie à tous les artistes et aux disparus de la « tragédie nationale », déclare, très ému, Missoum Laâroussi, ravi de pouvoir participer avec son spectacle à Bejaia au prochain Festival international du théâtre. Le théâtre Kateb Yacine de Tizi-Ouzou s'est adjugé le prix du Jury avec l'époustouflante pièce « Tifi » mise en scène par Lyès Mokrab. Le prix du meilleur metteur en scène est revenu à Faouzi Benbrahim du théâtre régional de Batna, devançant un seigneur des planches algériennes, Ziani Chérif Ayad. L'autre distinction, et non des moindres, le prix du meilleur texte, a été remportée par un pur produit du Théâtre national algérien, Mohamed Cherchell, qui a tout donné pour le succès de sa pièce El Haïcha qu'il a adaptée de « Rhinocéros », une œuvre écrite par Eugène Ionesco pour dénoncer la montée du nazisme. La meilleure scénographie a été réalisée, selon le choix du jury, par Ben Amar Yahia pour la pièce « Tahaoulat » (Mutations) du théâtre régional de Souk-Ahras. Côté comédiens, la star de la troupe du TR Batna, Ramzi Kadja, s'est vu porter au podium, tandis que le prix de la meilleure comédienne a été ravi par deux actrices issues des théâtres régionaux de Skikda et El Eulma respectivement Khelifa Chahrazed et Bahloul Houria. Fawzi Benbrahim s'est vu attribuer le prix de la meilleure mise en scène pour la pièce « Ouzid n'zidlek » (je t'en rajoute) du TRB et Nadjib Gherissi celui de la meilleure création musicale pour son montage musical de la pièce « Dalali », produite par le théâtre régional de Sidi Bel Abbès. Dans son intervention, le ministre de la Culture n'a pas tari d'éloges sur la jeune génération qui honore, dit-il, le quatrième art algérien. Il l'exhorte à s'investir davantage dans le développement du théâtre national. « Je vous suggère de vous intéresser un peu plus aux riches et variés textes algériens pour les adapter en pièces de théâtre sans négliger, pour autant, ce qui s'écrit ailleurs », a préconisé Mihoubi appelant ces derniers à reconquérir le territoire national avec pour rôle et mission de porter le bonheur de l'art jusque dans l'Algérie profonde. Le commissaire général de l'évènement, Mohamed Yahiaoui, également directeur du TNA, s'est, lui, réjoui de la représentation nationale qui a présidé au succès de cette dixième édition du FNTP. « La transparence et l'objectivité ont été adoptées comme critères dans notre choix des spectacles primés », dira le président du jury, Djamel Marir, suggérant pour les prochaines éditions la suppression du jury. « La proposition de supprimer le jury et de tous les prix qu'il attribue est motivé par le souci de stimuler la création théâtrale sans pour autant récompenser les meilleures œuvres et auteurs (spectacle, scénographe, comédiens, texte, etc.). Le festival national du théâtre professionnel n'est pas une compétition de football, mais plutôt un espace d'échanges, de retrouvailles et, surtout, de créations artistiques », explique Marir regrettant le recours de certaines troupes à des « supporters » dans la salle pour ...les applaudir.