L'entreprise qui les emploie figure sur la liste noire des sociétés internationales impliquées dans des affaires de corruption. Six ressortissants chinois ont été arrêtés avant-hier à Hamadi, dans la wilaya de Boumerdès, par la brigade de recherche de la Gendarmerie nationale, a-t-on appris de source locale. Les concernés ont été interpellés dans le cadre d'une vaste enquête enclenchée par les services de la Gendarmerie nationale suite à la découverte d'une grande quantité de produits prohibés dans un grand hangar à Hamadi. Les inculpés sont des employés de l'entreprise chinoise China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), qui a obtenu le marché portant réalisation de la Grande Mosquée d'Alger. Une entreprise qui figure sur la liste noire établie en 2011 par la Banque mondiale sur les sociétés internationales impliquées dans des affaires de corruption. Selon la même source, les mis en cause ont été écroués par le magistrat instructeur près le tribunal de Rouiba pour «immigration clandestine, détention et commercialisation de produits interdits par la loi.» Les inculpés circulaient avec des papiers dont la date de validité a expiré depuis plusieurs mois, a-t-on appris. Leur interpellation fait suite à la découverte de 1,5 million de pétards de gros calibre et 25 000 bouteilles de boissons alcoolisées de haute qualité dans un dépôt appartenant à leur entreprise, à Hamadi. A présent, l'on se demande comment ils ont réussi à faire passer toute cette marchandise au niveau du port. Pourtant, d'aucuns savent que la fabrication et la vente de produits pyrotechniques sont interdites en Algérie depuis le 2 août 1963. Leur entreprise a-t-elle le droit d'importer et de vendre du whisky de luxe ou des pétards, ou bien ces produits ont été importés pour être revendus à ceux qui en ont le monopole sur le marché ? Difficile de répondre. Notre source souligne que l'enquête est toujours en cours, ajoutant que ce pot aux roses n'est qu'une partie d'un vaste trafic auquel s'adonnent certaines entreprises chinoises ayant obtenu des projets à coup de milliards de dollars en Algérie. La liste noire de la Banque mondiale compte 12 entreprises chinoises qui ne doivent pas bénéficier de marchés pour une durée de 2 à 8 ans, dont la CSCEC pour une période de 6 ans. L'octroi du marché de la Grande Mosquée à cette entreprise a surpris de nombreux experts du monde des affaires. Interrogé en septembre 2012 sur les raisons de ce choix, le directeur de l'agence nationale chargée de la réalisation de ce projet a rétorqué aux journalistes que l'Algérie «a un gouvernement et des responsables pour vérifier si cette entreprise fait un travail sérieux». Mais l'enquête des gendarmes a révélé le contraire de ce qu'il avait prévu.