Un ministre de l'Intérieur français qui souhaite un bon Ramadhan aux musulmans, ce n'est pas rare, mais le ton de Bernard Cazeneuve, révélé par le site en ligne oumma.com s'éloigne de la tradition laïque de l'Etat français, même si dans sa conclusion il fait la part belle à la République. Ainsi commence-t-il sur un ton quasi religieux : «Je vois énormément de respect, de recueillement, de spiritualité dans ces moments et un pays comme le nôtre a aussi besoin de spiritualité.». Ou encore, presque proche de l'intention des musulmans à la veille du mois sacré : «Je veux dire aux Français de confession musulmane vivez intensément ce moment, vivez- le au plus profond de vous-mêmes.» Le représentant du ministère des Cultes n'oublie pas la règle républicaine de la laïcité, incitant les musulmans, qui vont redoubler de foi pendant le Ramadhan, à penser à la République «qui, dans ses valeurs, vous permet de le vivre avec cette force et cette intensité, parce que la République c'est précisément ce trésor, ce creuset qui permet à chacun de faire son chemin par l'exercice de sa libre conscience, et aux uns et aux autres de vivre les uns avec les autres. La République a besoin des Français de confession musulmane pour porter haut et loin ses valeurs». Le ministre est ainsi dans la ligne du gouvernement de François Hollande et Manuel Valls, qui considèrent qu'il n'y a pas d'incompatibilité entre l'islam et la République. Par ailleurs, dans un communiqué de presse, le ministre de l'Intérieur condamne avec «une extrême fermeté» l'agression commise dans la nuit de dimanche à lundi à Carpentras contre une mosquée en construction, sur laquelle a été tiré un coup de feu. «La direction départementale de la sécurité publique du Vaucluse recherche activement les auteurs de cet acte inqualifiable afin de les interpeller et de les remettre à la justice», souligne le communiqué du ministère de l'Intérieur français. M. Cazeneuve rappelle que «la laïcité consiste à assurer la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire, et à garantir aux croyants la liberté d'exercer leur culte dans des conditions dignes et paisibles». Walid Mebarek