- Noureddine Bahbouh, président de l'UFDS : «L'armée confond le FLN historique et le parti» Pourquoi entraîner l'institution militaire dans les activités partisanes ? Il s'agit pour nous d'une violation pure et simple de la Constitution. Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, ne cache pas son parti pris pour un parti politique et, apparemment, ne fait pas la différence entre le FLN historique qui appartient à tous les Algériens et le parti politique dirigé par Saadani. Le comportement du responsable de l'institution militaire est scandaleux et insensé. L'armée est censée représenter, défendre et soutenir toute l'Algérie et tous les Algériens. Cette lettre adressée à Saadani par Gaïd Salah prouve que le pouvoir est aux abois. Il ne se contente pas de mobiliser la société pour se maintenir au pouvoir, mais de rallier également à sa cause l'armée qui doit rester, en dépit de toutes les circonstances, en dehors du champ politique. Ce n'est malheureusement pas le cas… - Mohamed Douibi, S.G. d'Ennahda : «Gaïd Salah n'est pas à sa première immixtion dans la politque» En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas étonnés du comportement du premier responsable de l'armée, qui n'en est pas à sa première intervention et implication dans les affaires politiques. En 2012, lors des élections législatives, nous avions manifesté notre mécontentement et nous avons dénoncé une fraude massive en faveur du FLN. Ce parti du pouvoir a pu réaliser son score grâce à l'intervention de l'armée, à sa tête Gaïd Salah. L'armée s'est toujours positionnée auprès du FLN. - Atmane Mazouz du RCD : «La lettre de Gaïd Salah déshonore l'ANP» La lettre du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'Armée nationale populaire au secrétaire général du FLN déshonore l'ANP et discrédite toute l'architecture institutionnelle du pays. Les forces armées doivent être indépendantes du pouvoir politique dans un pays aux institutions illégitimes. Cette lettre de soumission à l'ordre établi et au diktat d'un pouvoir illégitime vient confirmer la forfaiture institutionnelle dans notre pays. Par son geste, Gaïd Salah agit en parfait membre et obligé d'un clan ; son acte humilie davantage la nation et porte un sérieux discrédit à l'armée. Vouloir associer l'Armée nationale populaire à une poignée de fraudeurs et squatteurs d'un sigle ne peut être dicté que par une lutte acharnée entre les différents prédateurs qui minent les institutions du pays. Son acte n'est dicté que par la fragilité et la désagrégation d'un clan, poussé jusqu'à compromettre l'unité d'une institution aux missions bien définies par la Constitution. Instrumentaliser l'institution militaire dans les luttes de clans est dangereux et inacceptable. Cette vile implication de l'armée dans le champ politique est un sérieux coup porté à la démocratie et à l'indépendance de cette institution. Au RCD, nous dénonçons et désapprouvons cette mise en service d'un socle commun aux Algériens au profit d'un instrument de dépossession de la volonté populaire qu'est le FLN. - Abderrazak Makri, président du MSP : «L'armée affiche sa préférence partisane» A travers cette lettre, l'institution militaire affiche ouvertement et officiellement sa préférence partisane. Cela est anticonstitutionnel et contraire aux règles de la démocratie. Toutefois, cela nous renseigne non seulement sur les arrangements qui s'opèrent en haut lieu, mais également sur la préparation de la prochaine étape et l'état d'embarras dans lequel se trouve le pouvoir. Si cette lettre est authentique et si son auteur ne fait pas de démenti, celle-ci serait donc une preuve claire et fondamentale que des gens (ou un clan) tentent de pousser l'institution militaire à s'immiscer dans la vie politique. Nous trouvons également inacceptable la confusion faite entre le parti FLN et le FLN de la Révolution. Nous sommes tous les fils de la Révolution. Et le FLN ne représente pas la majorité des Algériens. Ce qu'a fait Gaïd Salah est grave et confirme, en outre, nos craintes quant au scénario qui se trame pour préparer l'après-Bouteflika. - Soufiane Djilali, président de Jil Jadid : «Il s'agit là d'une sorte de coup d'Etat» Cette sortie du premier responsable de l'institution militaire s'inscrit dans la continuité de ce qui s'est passé le 17 avril 2014. C'est-à-dire imposer à la nation un homme invalide et impotent pour organiser le coup d'Etat. Aujourd'hui, le jeu commence à se découvrir. Nous avons dénoncé, il y a quelques jours, l'implication de l'armée dans la vie politique et au lieu d'adopter une position neutre, l'institution militaire s'enfonce davantage en affichant clairement son parti pris en faveur d'un parti. Gaïd Salah, à travers sa lettre, entraîne l'armée dans la vie partisane. Le clan présidentiel est en train de prendre en otage non seulement le pays, mais aussi les institutions dans leur ensemble. Le message de Gaïd Salah à Saadani est une prise de position. Son alignement au secrétaire général du FLN et le soutien affiché clairement sont en quelque sorte un avertissement à l'opposition et aux opposants à Saadani. Le contenu de la lettre de Gaïd Salah doit faire mal à ceux qui ont lutté pour l'indépendance de l'Algérie.