Les travailleurs du groupe industriel ERIAD/SBA, englobant les unités d'Oran, de Sidi Bel Abbès et de Tlemcen, attendent, depuis plus de six mois, le paiement de leurs salaires, selon les représentants de la section syndicale de la filiale des Moulins d' Oran. Dans une requête adressée au président de la République, en date du 27 août passé, ces syndicalistes demandent au premier magistrat du pays de « forcer notre employeur à nous payer les six mois de salaires impayés et voir dans quelle mesure sauver notre entreprise ». Ils déclarent que leur calvaire dure depuis plusieurs années et que les travailleurs ont dû payer un lourd tribut (réduction des effectifs de 1 050 à 191 agents, entre autres) pour sauver l'entreprise d'une mise à mort programmée par des gestionnaires « qui voulaient la brader et en tirer profit ». Rappelant que le conseil d'administration du groupe a, lors de sa réunion du 18 juin à Alger, pris une résolution portant n° 7 et mandant le directeur général du groupe par intérim à prendre en charge le règlement des salaires des trois filiales, ils dénoncent la « sortie inattendue de ce responsable ». « Le DG par intérim n'a pas trouvé mieux, est-il mentionné dans cette requête, que d'avancer, lors de la réunion du 26 juillet, que la situation de l'entreprise ne permet pas la prise en charge des salaires impayés des filiales de Sidi Bel Abbès, Oran et Tlemcen, et que les filiales en activité refusent de financer les salaires impayés ». Suite à cela, le syndicat, « après de longs mois d'atermoiements et d'engagements jamais respectés », réclame le paiement immédiat des salaires et demande, au nom des travailleurs, la constitution d'une commission d'enquête « pour passer au peigne fin la gestion du groupe ERIAD Sidi Bel Abbès ». Durcissement S'interrogeant sur le fait « qu'une entreprise qui n'arrive pas à payer les salaires de ses bâtisseurs, paie grassement, de façon régulière, quarante six cadres inactifs et improductifs », les auteurs de la requête dont une copie a été remise à notre rédaction, annoncent que si leur appel reste sans effets, ils se verront obligés de recourir à d'autres formes de lutte pour faire valoir leurs droits. Apparemment, la requête des syndicalistes a réussi à faire bouger les choses puisque le DG du groupe par intérim a réagi et en adressant une mise en demeure, en date du 02 septembre, au DG de la filiale d'Oran. Il est demandé à ce dernier, et ce, conformément à la résolution du conseil d'administration (n° 7) relative à la prise en charge des salaires des filiales d'Oran et de Sidi Bel Abbès, de transmettre les éléments de paie des mois de mars et avril 2006 au plus tard le 3 septembre avant 16h30 à l'effet de procéder au virement des salaires. Cependant, cette correspondance, s'appuyant sur l'article 74 de la convention collective, en précisant que les éléments de paie sont le salaire de base, l'IEP et les retenues obligatoires, fera réagir, de nouveau, les syndicalistes. Pour ces derniers, la résolution n° 7 stipule le règlement des salaires impayés des trois filiales et « il n'est pas dit : salaire de base + IEP ». La perception d'un tel salaire signifie, selon eux, la mise en chômage technique alors que la relation de travail entre l'employeur et le collectif des travailleurs demeure toujours. « L'article 74 de la convention porte sur la cessation de travail…qui n'a aucun lien avec le règlement des salaires impayés », précise le conseil syndical de la filiale les Moulins d'Oran dans un écrit daté du même jour, en réponse à la mise en demeure du DG et dont des copies ont été adressées à l'inspection du travail et à tous les responsables concernés. « Nous tenons à préciser, concluent-ils dans ce dernier écrit, que les salaires en question demeurent un acquis légiféré par la constitution ».