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Un moudjahid au parcours mémorable
Abderrahmane Larbi-Cherif, dit «Chaïb Larbi»
Publié dans El Watan le 18 - 06 - 2015

Au 1er novembre 1954, Abderrahmane Larbi-Cherif, dit «Chaïb Larbi», bouclait ses 46 ans. Malgré cet âge, sa ferveur pour l'insurrection armée ne s'est aucunement émoussée.
Avec son ardeur de militant du PPA/MTLD dès le début de l'année 1930 en France aux côtés des Amar Imache, Docteur Lamine, Demagh Latrous et d'autres encore, avec Hadj Messali à la tête du parti, il ne peut penser autrement.
En 1942, Si Abderrahmane, très connu comme camionneur à Tizi Ouzou, ouvrira, chargé par Krim Belkacem, un bureau du PPA à Maâtka, sa localité natale. «Le parti ne cessait de s'enraciner partout dans le pays», raconte-t-il dans un long témoignage à Berbère TV datant de juillet 2007.
Dans cet émouvant récit, dont le document nous a été confié par Ramdane Sana, le président de l'association de wilaya des «Grands invalides de guerre», Chaïb Larbi narre son parcours avec notamment les préparatifs pour le soulèvement prévu le 8 mai 1945 à Tizi Ouzou. «A la veille du jour J, en ma qualité de chef du PPA à Maâtka et Ali Halit à Tizi Ouzou, il nous restait juste 6 heures pour lancer notre action. Mais aussitôt, un avis nous parvenait d'Alger, disant que tout le secret gardé à propos de cette action est connu de l'administration coloniale. L'ordre nous fut donc donné à ne pas bouger. Ainsi, nous parvînmes à stopper tout. Au petit matin, c'est le déclenchement à Constantine, Sétif…, puis le massacre que l'on connaît de 45 000 Algériens».
Comme il y avait des mouchards qui voulaient sa tête à cause de ses incessantes activités politiques, un jour, en 1952, ce fut le caïd de la région qui avait attiré son attention, en lui conseillant de quitter vite Maâtka, sinon c'était l'arrestation. Ainsi, il retourna en France où il poursuivit ses activités.
En 1954, Si Abderrahmane apprend, par le biais de la presse, le déclenchement de la guerre en Algérie. Aux premiers attentats, le 1er novembre 1954, à Blida, explique-t-il, «nous apprenions en France, à travers la presse, que des hommes d'Ouamrane et de Krim, qualifiés de ‘‘rebelles'', en étaient les auteurs».
Il se rend alors tout de suite au bureau du PPA, situé à la Gare de Lyon. Il y informa ses camarades, qui encadraient une zone dans cette région et lui une autre, que les frères en Algérie ont déclenché l'insurrection. Il leur demanda s'il fallait partir immédiatement pour les aider. Ils lui répondirent que c'est en France qu'il y a besoin de militants, et non au bled ! «J'eus alors la conviction que mes camarades messalistes se sont rétractés ; je leur rétorquai que le besoin en hommes est impératif en Algérie et non sur le sol du colonisateur».
Sept jours plus tard, il s'envole vers la terre natale. A Maâtka, Si Abderrahmane trouvera ses frères Arezki et Larbi montés déjà au maquis, avec Moh Meziane du village Aït Zaïm. Ce groupe le charge, sur ordre de Krim, de s'occuper de l'information et de la sécurité pour les moudjahidine, en surveillant la région.
Traîtrise et délation
«Un jour, des traîtres m'ont dénoncé lorsqu'ils constatèrent que je me rendais à Ighil Imoula où je rencontrais Ali Zamoum et son frère Si Salah, Hadj Ahmed Ouramdane, Idrès…». Ainsi, l'administration coloniale, ajoute-t-il, installa un camp militaire à Lakhmis, puis un autre à Letnine, entre lesquels le téléphone ne s'interrompait guère. Informés de la situation, «nos responsables nous envoyèrent un chef du village Bouhamdoun pour nous accompagner dans l'opération de destruction des poteaux téléphoniques, mais ce fut l'échec à cause de délateurs». Si Abderrahmane est recherché par les militaires.
Sa jeune sœur l'avise pour quitter immédiatement les parages. «J'ai passé près de 48 heures en montagne sans manger. La nuit même, je regagne la maison et prends mon burnous pour rejoindre mes frères au maquis où je recevais ainsi les ordres de nos chefs (Krim, Mohamedi Saïd, Ouamrane…) de ce que nous devrions accomplir». Il raconte comment il avait pu, plus tard avec ses compagnons, arrêter, sur ordre de Krim, le maître d'école, M. Dupuy, qui payait des délateurs pour venir dans des cafés lui rapporter tout ce qui s'y disait sur la lutte. «Nous le prîmes dans un guet-apens et l'envoyâmes jusqu'aux mains de Krim, qui nous avait ordonné de le lui ramener sain et sauf.
Nous avions arrêté avec lui deux autres enseignants, dont un Espagnol, que nous avions relâché, car les deux ne mouchardaient pas. Pendant trois jours, nous marchions, vêtus de burnous, y compris Dupuy. Un citoyen nous sauva la vie, après avoir été arrêté par les soldats d'un convoi militaire à la recherche de l'enseignant. Ils l'interrogèrent et il leur «avoua» que les rebelles, partis vers la montagne, étaient une soixantaine, habillés de tenues militaires et portaient des casques.
Un avion arriva, mais sans pouvoir repérer les 60 rebelles. Partis deux par deux et séparés d'une longue distance, nous avions passé 3 nuits à Izerruden (Sidi Ali Bounab) dans une maison dont les propriétaires n'ont pas fermé l'œil pour nous assurer la surveillance jusqu'à l'arrivée de deux militants pour prendre Dupuy vers Beni Douala où l'attendaient Krim et Mohamedi Saïd». En août 1956, ajoute Chaïb Larbi, «nous avions reçu ordre d'attaquer les camps militaires, avant et pendant la durée du Congrès de la Soummam».
Selon lui, les traîtres qui les dénonçaient, signalaient que la réunion des «chefs rebelles» (Congrès) allait avoir lieu à Tala Guilef, alors que Chaïb Larbi et son groupe de sécurité se trouvaient au village Helouane (Bounouh). Le lendemain, c'est le départ des groupes de maquisards et de responsables pour la Petite Kabylie, alors que lui et ses compagnons restèrent sur place où ils seront encerclés par l'armée. La bataille durera du matin jusqu'à la tombée de la nuit. «Nous perdîmes ce jour-là Saïd Ou-Amrane du village Ath Imghur, Ahmed Arab, tué alors qu'il escaladait une falaise pour s'abriter et pouvoir mieux riposter, ainsi qu'un djoundi blessé, originaire d'At Bouyahia.» Lors de leur repli, ils passèrent plus de trois jours sans manger, ni boire en plein août. «Un de nos compagnons qui trimballait un fusil de chasse à broche (Lefaucheux) et un chargeur de FM-24 s'évanouit ; un coup de feu part accidentellement et touche ledit chargeur qui le blesse grièvement. Il succombera le lendemain», rappelle encore Chaïb Larbi ajoutant : «Le 1er novembre 1956, nous avons reçu ordre d'attaquer les camps militaires de la région pour montrer notre détermination à agir pour la libération de nos chefs, arrêtés le 22 octobre de la même année».
En 1957, Si Abderrahmane est envoyé par Amirouche avec des camarades à Tunis pour ramener des armes. «On était 3 sergents à partir de Maâtka. Chacun de nous prit avec lui 10 djounoud. A Beni Douala, nous trouvions 33 autres, avec Ammi Ahmed, puis nous partîmes vers Azazga. Nous y restâmes 6 ou 7 jours. Avant de partir d'ici, Amirouche nous avait demandé quels étaient les volontaires pour Tunis. Tout le monde avait dit oui. Nous étions trois groupes (Maâtka, Beni Zmenzer et Beni Douala).
On devait être rejoints par un autre groupe venu de Boumerdès où figurait le nommé Sadri Ali, qui vit aujourd'hui (2007, ndlr) à Boghni. Il avait perdu un pied à la Ligne Maurice. Nous sommes arrivés à Tunis le 12 janvier 1958 et nous sommes revenus, de nuit, le 26 du même mois. Nous étions 400 moudjahidine, dont 300 de la Wilaya III.
A cause de la désorganisation avec les guides et les surveillants, la chaîne se rompit. Nous étions 75 à revenir sur notre chemin. A Tunis, sur ordre de nos responsables, je suis parti en Libye (Tripoli) avec un camion en compagnie de 2 camarades (Tahia et Ahmed Bechihi, un mécanicien originaire d'Annaba), afin d'acheminer des armes depuis l'Egypte. J'avais fait 4 à 5 fois l'aller-retour Tripoli-Le Caire (2250 km). Un jour, après une panne en cours de route, je me suis chamaillé avec Ahmed Bechihi, irrité. Il insultait Dieu devant moi.
Ce que je ne supportais pas. Je descends du camion et le gronde. Il me dit : ‘‘Mais ce n'est pas toi que j'insultais !'' Je lui répliquai : ‘‘Moi, tu peux m'insulter, je suis un humain comme toi, mais n'insulte plus jamais Dieu devant moi…'' En arrivant à Tripoli, voilà qu'Ouamrane arrive en véritable chef. Il supervise nos voyages et ordonne que je sois envoyé au CRA de Benghazi. Ainsi, je collectais de l'argent avant les décisions d'affectation, notamment pour envoyer des jeunes algériens étudier à l'étranger».
Chaïb Larbi narre également comment Ahmed Bouda avait demandé à Ferhat Abbes, alors chef du GPRA et qui se trouvait au Caire à ce qu'il soit envoyé à Tripoli. «Auparavant, Bouda était en Irak. En arrivant en Libye, il achète une voiture et me charge de la conduire au Caire pour la remettre à Ahmed Boukadoum, qui vit actuellement à Alger (2007, ndlr). Je reviens ensuite à mon poste par convoi.
En observant une pause en cours de route, je voyais ces compagnons qui prenaient leurs distances avec moi à chaque fois que je m'en approchais. Ils chuchotaient entre eux et je me demandais pourquoi. A Benghazi, la même chose. A notre retour au bureau du CRA, distant de Tripoli de 25 km environ, on me fuyait toujours.
Dans cette ville, Cheikh Mohand-Salah Seddik animait La voix de l'Algérie (radio). Je me suis rendu à son bureau et lui demandais pourquoi ce comportement inhabituel ? Il me dit : ‘‘Tu ne le savais pas ? Amirouche est tombé aujourd'hui à Bou-Saada…'' Je m'effondre en larmes, narre-t-il, abattu de chagrin en me remémorant le jour où j'avais accompagné ce chef vénéré, de Maâtka jusqu'à Ighil Imoula…».


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