Par Nordine Mohammedi, fils de Saad. Il fut l'un des principaux organisateurs à côté de Krim, Ouamrane, Mellah et Zammoum, du premier novembre 1954. Fils de Rabah et de Kemachou, Mohammedi Saad est né le 5 décembre 1925. Bien que natif du village d'Ighil Imoula, sa naissance à été toutefois enregistrée à la commune d'El-Harrach, prés d'Alger, ou son père était chef de gare de chemin de fer qui traversait la bourgade des Eucalyptus. Issu d'une famille nombreuse- six frères et une sœur- il vécut pratiquement toute sa jeunesse à Ighil Imoula, cultivant la terre familiale, à l'instar de presque tous les habitants de cette contrée de Kabylie. Vers les années cinquante, il alla bien lui aussi en France à la recherche de la subsistance quotidienne. Cependant il revint au village au bout d'une année d'exil. Certainement déçu des inégalités qui frappaient les siens. Des lors comme beaucoup d'algériennes et d'algériens, marqués par le destin tragique de leur pays, il s'intéressa à la politique. L'ecole d'Ighil Imoula est une pépinière de militants nationalistes, à l'instar d'Assellah Hocine et d'autres qui ont présidé au destin de l'ENA et du PPA à côté d'Imache Amar et Messali.A peine vingt ans, il s'enrôla dans les rangs du PPA- MTLD en tant que responsable local sous la houlette de Benlounes Said. Sa vivacité et sa grande rigueur , le désignèrent à des postes tout aussi important les uns que les autre au sein de l'OS. Son engagement son faille pour la cause nationale, lui valut le grand respect, mais surtout la confiance totale de ses responsables et de ses pairs. L'acharnement de l'administration coloniale et de ses suppôts pour l'arrêter, fit de lui un exemple à suivre pour les autres jeunes militants, à l'instar d'Ali Zammoum et son frère Mohammed futur colonel de la wilaya 4. Juste après la dissolution des AML , alors que le PPA-MTLD retrouve sa véritable identité, Mohammedi Saad sera chargé d'un travail de sensibilisation en prenant la vente et l'écoulement du journal « l'Algérie Libre », organe qui prônait ouvertement les idées indépendantistes. A l'occasion des préparatifs de l'insurrection de novembre 1954, tout en supervisant le tirage de la proclamation du 1er novembre, il joua un rôle de premier plan, notamment celui du choix des militants remplissant les critères requis pour être enrôlés dans l'Armée de Libération Nationale. Dans la nuit du 31 au 1er novembre 1954 à zéro heure, à Tizi-N'tleta, en compagnie de ses 18 autres camarades, les premiers coups de feu liberateurs d'une colonisation de plus de 130 ans furent tirés de ses propres mains. Pour son charisme et son sens d'organisation et de meneur d'hommes, à la demande de A Ouamrane et de Krim Belkacem, il fut affecté à la région de Bouira dont il sera le premier responsable militaire. Le 4 mars 1955, dans une bataille âpre qui couta la vie à son compagnon Guemraoui Gherbi Bahia, Mohammedi Saad alors grièvement blessé, sera arrête, jugé et condamné dans plusieurs procès à de lourdes peines, notamment à la peine de mort, à deux reprises par le Tribunal Permanent des Forces Armées Françaises d'Alger. Détenu à la maison d'arrêt d'Alger( Serkadji- Barberousse) jusqu'au 31 janvier 1958, il sejournera pres de deux années dans le quartier des condamnées à mort avec Zabana , Yves Ton , Zammoum, El Badji et d'autres militants indépendantistes. Au lendemain de l'indépendance, il retrancha dans son village d'Ighil Imoula, pour s'imposer une sorte de réclusion pour ne pas dire un désaveu à ce qui à été fait des sacrifices du peuple algérien. « Ce n'est pas comme ça qu'on a rêvé de l'Algérie indépendante », confiera-t-il à maintes reprises à ses amis. C'est pendant un jour d'hivers, le 7 decembre 1995 qu'il rendra l'âme dans ce village d'Ighil Imoula ou il a pris le sein de la révolution et de la resistance.