La nouvelle mérite que l'on s'y arrête. Les prix du brut ont enregistré la semaine dernière leur plus bas niveau depuis… cinq mois. Le baril de light sweet crude pour livraison en octobre a reculé de 18 cents, pour clôturer à 67,32 dollars samedi dernier à New York. Rien de très spectaculaire jusque-là : nous sommes toujours trois dollars au-dessus du prix moyen consensuel prévu et révisé par 32 experts pour l'année 2006. La nouvelle est ailleurs. De l'avis des observateurs, l'annonce d'un niveau rassurant des stocks d'essence aux Etats-Unis n'est pas la seule raison de la baisse des prix du brut. Une autre « cause » a consolidé ce mouvement baissier : une découverte majeure de pétrole et de gaz dans le golfe du Mexique. C'est la première fois que des analystes pétroliers admettent que la découverte d'un gisement géant a une incidence aussi directe et immédiate sur les cours du pétrole. Un colossal aveu à rebours. Une grande partie de la tension sur les cours depuis trois ans est portée par la difficulté ascendante de l'offre de pétrole à faire face à la croissance de la demande énergétique mondiale, au-delà du court terme et des difficultés du raffinage sur le marché nord-américain. Le pétrole n'a pas gagné plus de 40 dollars en 4 ans à cause des « seuls » envahissements de l'Irak, de l'instabilité au Nigeria ou des incertitudes sur le programme nucléaire iranien. La preuve est administrée et homologuée. Une belle découverte de pétrole fait du bien au cours du brut séance tenante. De quoi s'agit-il ? La récente découverte d'un champ pétrolier au large des côtes de la Louisiane par les compagnies Chevron, Statoil, et Devon est une « découverte majeure à l'échelle mondiale », sans doute comparable au gisement géant de Kashagan, estime l'Institut français du pétrole (IFP). Ce champ pourrait représenter, d'après les données fournies par les entreprises, des réserves récupérables de pétrole et de gaz de 3 à 15 Gbep (milliards de barils équivalent pétrole). « A titre de comparaison, le gisement de Kashagan, découvert en 2000 dans la partie kazakhe de la mer Caspienne, représente des réserves de 10 Gb de pétrole et de 3 à 4 Gbep de gaz. Kashagan était considéré en 2000 comme la plus grosse découverte depuis près de 20 ans », rappelle l'IFP. A l'échelle des Etats-Unis, ce nouveau gisement pourrait être le plus important depuis 30 ans et serait équivalent à un « nouvel Alaska », ajoute l'institut. Cette nouvelle invite à des enseignements pour les revenus énergétiques de l'Algérie à moyen terme. Si les cours élevés du brut sont portés par la limitation de l'offre, des découvertes comme celle au large de la Louisiane provoqueront sans doute – par exemple dans 5 ans lorsque le géant entrera en production - une pause dans la tension - trait tendanciellement dominant – sur les prix des 20 prochaines années. Les géologues du pétrole en majorité affirment que les découvertes de nouveaux « géants » deviendront de moins en moins probables au fil du temps. Les industriels du pétrole soutiennent au contraire qu'avec les nouvelles technologies – comme celles qui ont permis de descendre sous 2 km d'eau puis 6 km de sédiments dans le golf du Mexique – les frontières de la recherche-exploitation sont repoussées suffisamment loin pour espérer rétablir – pour quelque temps - une croissance des réserves d'hydrocarbures égale à celle de la demande. Les paris sont ouverts. Mais l'avertissement qui vient du golfe du Mexique est clair. Le pétrole continuera à devenir rare et cher mais pas de manière linéaire. Il y aura des pics de production et des reculs des prix.