Elle est loin cette campagne, où l'on s'est mobilisé pour faire de la lutte contre le commerce informel une priorité dans la wilaya de Jijel. On se souvient que dans le sillage de l'installation du gouvernement Sellal, en septembre 2012, qui s'est donné pour orientation l'assainissement des villes et des villages et la lutte contre les squatteurs des espaces publics, on s'est alors rapidement mis au travail dans cette wilaya. Très vite aussi, de nombreuses actions ont été menées pour nettoyer les agglomérations urbaines des immondices. Des décharges ont ainsi été éradiquées et des espaces ont été débarrassés de leurs impénitents squatteurs. Mais c'était sans compter sur cet incivisme ambiant, qui fait que le citoyen a aussi sa part de responsabilité dans la dégradation de son cadre de vie. L'entêtement de faire ses emplettes sur les trottoirs et dans les endroits les plus pollués a également encouragé le commerce informel à réinvestir les espaces qu'il a perdu, après avoir été un temps vaincu. C'est ainsi qu'après l'euphorie des actions menées tambour battant aux quatre coins de la wilaya, la désillusion a pris place à la détermination affichée pour mater le commerce informel. Le résultat est aujourd'hui connu. Personne, pas même une quelconque autorité, ne semble s'émouvoir de cette insalubrité qui gagne du terrain, rendant la cadre de vie extrêmement dégradé. Quant au squat des espaces publics, et dans son volet de la guerre déclarée aux vendeurs ambulants, la partie a nettement tourné à l'avantage de ces derniers. Sans s'offusquer des désagréments qu'ils causent à la circulation, ni de leur implication directe à rendre plus insalubres les espaces qu'ils occupent, les impénitents vendeurs informels ont doublé d'arrogance pour occuper désormais les rues. Les marchés construits pour les intégrer dans le circuit commercial légal ont été boudés, après que des sommes colossales aient été investies pour tenter de réglementer l'activité commerciale. Le mois de Ramadhan est aujourd'hui l'exemple le plus révélateur de l'échec de ces solutions, qui n'ont été d'aucun apport pour endiguer ce fléau. A Taher, tout comme à El Milia et à Jijel, pour ne citer que le cas de ces trois grandes villes de la wilaya, le constat est des plus critiques, face à l'offensive constatée ces jours-ci sur les espaces publics. Des responsables d'APC interrogés sur la prolifération de ce phénomène, ont quasi-unanimement avoué leur impuissance à y faire face. Certains préfèrent rejeter la balle sur l'autre et confessent que sans l'appui de cette autre partie, ils ne peuvent intervenir. Pendant ce temps, les commerçants informels continuent de s'installer librement et en toute quiétude. Très à l'aise, ils bloquent la circulation et polluent les rues et les trottoirs. Dans la ville d'El Milia, à titre d'exemple, ils ont fermé toute la rue du 20 août et son rond-point. Dans cette endroit, c'est la loi de l'informel, du plus fort, du plus costaud et arrogant, qui prime. Les autorités font mine de ne rien voir. Elles semblent assumer leur échec et mat.