Le groupe Hasnaoui, vieux de 51 ans, qui se veut de vocation foncièrement industrielle, se met à valser au rythme de nouvelles ambitions, mais non des moindres. Le groupe, qui a blanchi sous le harnais dans le domaine de l'industrie dès la fin des années 1960, retrouve son ADN de base et s'engage simultanément dans plusieurs projets industriels. L'entreprise de Sefiane Hasnaoui a compris que la nouvelle réglementation qui recadre l'activité des concessionnaires automobiles est «une belle opportunité pour ceux qui aspirent à apporter une vraie valeur ajoutée à l'économie du pays». Le groupe Hasnaoui se dote déjà d'un certain nombre de projets industriels qui arriveront bientôt à maturité. «Ces projets devraient être engagés très prochainement avec l'ensemble des partenaires du groupe», nous confie Sefiane Hasnaoui, directeur général de Nissan Algérie, rencontré dans les locaux de son entreprise à Alger. Concrètement, avec Nissan, son groupe discute actuellement de manière précise sur la nécessité et l'opportunité de développer une véritable industrie automobile sur un certain nombre de modèles. «On ne parle pas de superstructures, ni de conteneurs, encore moins de bennes, mais de fabrication et de montage de véhicules en Algérie.» Sefiane Hasnaoui ne donne, néanmoins, pas de détail sur le taux d'intégration du projet car, selon lui, «il est encore trop tôt pour parler de cela. Mais nous y travaillons de manière très précise». Montage de camions Ainsi, le groupe Hasnaoui décide de faire évoluer son modèle économique et de l'adapter aux choix économiques du pays. Mais finalement, le groupe ne fait que revenir à son historique industriel. Outre le projet actuellement à l'étude avec le constructeur Nissan, le groupe Hasnaoui s'est engagé dans un autre projet avec Volvo Camions, l'autre marque commercialisée par le concessionnaire en Algérie. Avec Volvo, «nous sommes exactement dans la même dynamique. La notion de montage de camions a été retenue et nous avons identifié trois produits. Le projet est également à une phase très avancée», nous annonce Sefiane Hasnaoui, très enthousiaste à l'idée de reprendre la pâte et l'ADN de base du groupe dont il porte le nom, mais dont les jalons ont été posés par son père, un des premiers industriels de l'Algérie postindépendance. A la fin des années 1960, le groupe Hasnaoui disposait déjà de l'une des plus grandes industries du bassin méditerranéen, dans son secteur d'activité avec, au compteur, 85% d'intégration. Pour le fils, Sefiane Hasnaoui, «cet ADN industriel est fondamental pour le groupe Hasnaoui». L'autre projet industriel qui mijote actuellement chez les responsables du groupe consiste à mettre en place une unité d'usinage et de rénovation d'engins de travaux publics. Viser l'export Dans le domaine de l'équipement des travaux publics, le groupe Hasnaoui commercialise la marque Komatsu, première marque d'engins de travaux publics en Algérie avec plus de 25 000 produits en parc. Avec ce constructeur, le groupe Hasnaoui nourrit l'ambition de monter une unité de taille, dotée de plusieurs processus industriels. Selon les explications fournies par Sefiane Hasnaoui, cette unité a pour ambition de répondre, d'abord, aux besoins du marché interne, réputé très demandeur, mais aussi d'anticiper l'exportation, notamment vers des pays du continent, particulièrement vers l'Afrique subsaharienne. Pour le moment, la réglementation interdit l'exportation des engins de travaux publics rénovés. Le directeur général de Nissan Algérie dit comprendre parfaitement la décision des pouvoirs publics, motivée, selon lui, «par une crainte de dérives parfois mafieuses qui ne sont pas dans l'intérêt du pays». Il garde cependant espoir : «Nous discutons à même de pouvoir travailler dans ce sens et dans le sens de créer une vraie valeur ajoutée, créatrice d'emplois et génératrice de devises.» Son groupe dispose de deux autres cordes à son arc et compte reprendre sa division électroménager avec, au tableau, de nouveaux projets industriels qui verront bientôt le jour. «Nous avons l'ambition de mettre en place deux unités de fabrication : une avec Whirpool à court terme (6 mois) qui aura un impact important dans notre activité, tandis que la seconde qui consiste à mettre en place une unité beaucoup plus grande, mobilisera un investissement plus important, verra le jour grâce à un partenariat avec Bosch, dans un délai de 12 à 18 mois», nous confie Sefiane Hasnaoui, vice-président du groupe Hasnaoui. Pour lui, il s'agit tout compte fait d'une réelle et profonde mutation du groupe.