Nassim Bour, 26 ans, a décroché, vendredi soir, le premier prix du septième Festival culturel national de la chanson chaâbie, qui s'est déroulé du 4 au 11 août 2012 à l'esplanade Fadéla Dziria, à l'Institut national supérieur de musique (INSM). Il a été primé parmi une trentaine de concurrents venus de 14 wilayas. Mohamed Hmaidia, membre du jury, a précisé que les candidats étaient notés sur les possibilités vocales, la mémorisation du texte, la maîtrise de l'interprétation et du rythme, la personnalité de l'interprétation et la présentation de l'habit. Pour être parfait, le concurrent devait avoir 20 sur 20. «Le niveau général cette année était homogène. Les capacités des participants étaient rapprochées. Chacun d'entre eux méritait sa place en finale», a estimé Mohamed Hmaïdia, universitaire. Présidé à titre honorifique par Boudjemaâ El Ankis, le jury était composé aussi de Tahar Ben Ahmed, compositeur, Nacerddine Baghdadi, musicologue, Mohamed Touzout, chercheur en patrimoine, Abdelkader Razkallah, chef d'orchestre à la radio, Yacine Saâda, universitaire, Toudjine Bouasria, chercheur en patrimoine. Pour Mohamed Touzout, Nassim Bour a amplement mérité la première place. «C'est un jeune qui a toutes les capacités requises pour réussir», nous a-t-il dit. Tout heureux de recevoir la distinction la plus importante du Festival, Nassim Bour, un élève de l'Association Al Ankaouia, s'est félicité de l'ambiance dans laquelle s'est déroulée la manifestation. «Nous étions comme une grande famille», nous a-t-il confié. Nassim Bour a tenu à rendre hommage à ses professeurs Djamel Lâadjal, Nacer Mokdad et Karim Aouidat. «Je ne partage pas l'avis de ceux qui disent que le chaâbi doit se renouveler. Le chaâbi restera comme il l'a toujours été, un art populaire. Un art accessible à tout le monde. On peut y ajouter des musiques, mais les paroles pures du chaâbi ne changeront jamais», a souligné Nassim Bour. Ce grand fan de Kamel Messaoudi veut se lancer dans une carrière professionnelle. Les amateurs du chaâbi d'Alger le connaissent bien puisqu'il anime des fêtes familiales et il a ses vidéos sur Youtube. Pour Nassim Bour, chaque cheikh du chaâbi a sa propre touche, son propre apport au chant. Il a cité El Hadj M'hamed El Anka, Boudjemaâ El Ankis, H'cen Saïd… Après sa consécration, Nassim Bour est monté sur scène pour interpréter Ya rabbi lel nbi el korchi, un texte de Sidi Lakhdar Benkhlouf, le poète célébré cette année par le festival de la chanson chaâbie. Abdelaziz Kermiche, d'El Tarf, est arrivé en seconde position. Il a convaincu le jury par son interprétation de Ya hbib el khater ma fadni bkya lors de son passage. Grand amateur de Amar Zahi, Abdelaziz Kermiche, 32 ans, venu au chaâbi par passion, envisage, lui aussi, de se lancer dans une vie professionnelle. Il en est de même pour Mounir Abella Amirouche de Tizi Ouzou qui a reçu le troisième prix. La trentaine entamée, Mounir Abella participe actuellement au concours musical «Inzizen», diffusé par la Chaîne II de la radio algérienne. Il prépare un album avec de nouveaux titres chantés en arabe et en tamazight. Le quatrième prix a été attribué à Chawki Friekh de Annaba, et le cinquième est revenu à Abdelkader Belmahi de Mostaganem (un prix d'encouragement). Le jury a donné son prix spécial à Zoheir Mazari d'Alger. Zoheir Mazari, qui a appris la musique et le chant aux conservatoires de Kouba et de Bir Mourad Raïs, est étudiant à l'Ecole normale supérieure (ENS), spécialité musique. La jeune Houria Allal a décroché le prix spécial de l'interprétation féminine. Native de Ténès, Houria Allal, 22 ans, est membre de l'Association El Othmania qu'a fondée son père Mohamed Allal. Des attestations d'honneur ont été données à d'autres concurrents : Mohamed Benzerb de Jijel, Boubekeur Kherraz de Béjaïa, Maâmar Belahcène de Mostaganem, Alaâ Bouaziz de Skikda et Houria Alal. El Hadj Bouferma, un descendant de Sidi Lakhdar Benkhlouf, a également été honoré, en présence de Khalida Toumi, ministre de la culture. «Le chaâbi va mieux que l'année dernière et que les autres années. Il se distingue un peu plus puisqu'il y a la formation qui entre en jeu, le suivi des interprètes régulièrement se traduit par la qualité que nous voyons. C'est le propre du festival de faire découvrir de jeunes talents», nous a déclaré Abdelakader Bendamèche, commissaire du festival. Il a évoqué la présence des candidats aux journées d'étude sur le chaâbi. «Nous donnons régulièrement de la documentation aux candidats finalistes. Nous diffusons au maximum les poèmes populaires et les livres relatifs au chaâbi. Nous le faisons sans arrêt», a-t-il ajouté. Kamel Aziz, la voix limpide La première partie de la soirée a été animée par trois «anciens» candidats du festival. Troisième à l'édition de 2006, Kamel Aziz a interprété Ya rabbi lelnbi el korchi de Sidi Lakhdar Bekhlouf, avant d'enchaîner avec Khifan dji andek qassed, texte de Mohamed Ben Sahla. Kamel Aziz, 29 ans, est la star montante du chaâbi. Desservi par une certaine timidité, ce jeune, grand fan de Amar Zahi, suscite l'admiration des connaisseurs du chaâbi. Celui que ses amis surnomment Kamel Erroudji est également un excellent musicien. Il joue autant le mandole que le piano ou la derbouka. Avec une voix limpide et une assurance dans l'interprétation, Kamel Aziz, qui a perfectionné son art à l'Association Essendoussia d'Alger, jouit d'une audience certaine au niveau national. Originaire de Relizane, Mustapha Belahcen, fidèle parmi les fidèles à El Hadj M'hamed El Anka, a interprété en mode sika Ya chabih Dhay el hilal, avant de poursuivre avec Chal biya rih essarssar ya el mokhtar et de terminer avec Ochki oua ghrami. Comme Kamel Aziz, Mustapha Belahcen a aussi ses admirateurs, dont certains sont venus vendredi soir à l'espace Fadéla Dziria. Les radios algériennes, qui donnent parfois l'impression de diffuser les mêmes chanteurs, voire les mêmes chansons, devraient ouvrir leurs antennes à ces artistes. C'est aussi cela le service de public ! Il en est de même pour Abdelhak Bourouba qui, vendredi soir, a chanté Sala Allah ala el moubachar de Sidi Lakhdar Benkhlouf ou d'Anouar Tssabbast, lauréat de la sixième édition du festival en 2011, qui a interprété, Mali lim moudhnibine raha, et Ya lotf Allah al khafi. La huitième édition du Festival culturel national de la chanson chaâbie aura lieu du 25 au 31 juillet 2012 à l'espace Fadéla Dziria à l'INSM. «J'espère que le public viendra encore en force à cet endroit magnifique. Nous ne sommes pas loin de la Casbah. J'invite tous les mélomanes à venir. Nous préparons dès maintenant un grand colloque sur la poésie populaire. Cette poésie est la base de la chanson chaâbie, en plus de l'expression musicale», a annoncé Abdelkader Bendamèche. Les candidats primés lors des sept précédentes éditions seront rappelés en 2013 pour remonter sur scène. «Montrer au public comment leur niveau a évolué», a-t-il noté.