La baisse des cours du brut et des revenus qui en découlent place l'Algérie face à plusieurs défis. Au-delà de la nécessité de diversifier les ressources budgétaires et de réviser l'allocation de ces mêmes ressources, le secteur pétrolier devra lui aussi affronter un certain nombre de challenges. Il est évident que l'attention est actuellement portée sur l'amont et sur la nécessité d'étendre les capacités de production de l'Algérie en hydrocarbures. Cependant, au rythme actuel de la consommation interne en énergie, l'aval pétrolier devra susciter la réflexion. C'est sur ce sujet que la revue spécialisée dans les questions pétrolières, Pétrostratégies, s'est penchée dans sa dernière livraison, estimant que «la nouvelle conjoncture pétrolière place l'Algérie devant des choix difficiles dans un secteur politiquement sensible, l'aval», celui-ci étant directement lié à la consommation en énergie et aux subventions aux prix de l'énergie. La publication dirigée par Pierre Terzian met en avant l'augmentation constante de la consommation d'énergie, gaz, électricité et carburants routiers. C'est ainsi qu'en reprenant les chiffres du ministère de l'Energie, que Pétrostratégies précise que la consommation de gaz a augmenté de 14% et celle d'électricité de 7,5% au cours du premier trimestre 2015. Idem pour ce qui est des produits pétroliers, notamment les carburants routiers, dont la consommation a augmenté de 4,9%. En cause, les prix extrêmement bas de l'énergie et des carburants et qui encouragent la consommation. Pétrostratégies note dans ce sens que «l'essence sans plomb se vend à seulement 22,6 DA/litre en Algérie et le diesel à 13,7 DA/litre. Cela équivaut à 0,23 et 0,14 dollar/litre, respectivement, au taux de change officiel du dinar, ou encore à 0,13 et 0,08 dollar/litre, au taux du marché libre». Et d'ajouter que «seuls trois pays dans le monde (Venezuela, Libye et Arabie Saoudite) pratiquent des tarifs plus réduits». Or, la demande en énergie et en produits pétroliers augmente crescendo et pose des problèmes multidimensionnels à l'Algérie, notamment dans la conjoncture pétrolière actuelle. Il s'agit en premier lieu du poids de la demande interne sur le niveau des exportations. C'est ainsi que la revue estime que «si les revenus des exportations de ce pays baissent, ce n'est pas seulement à cause de la chute des prix des hydrocarbures, mais aussi parce que sa consommation de produits pétroliers progresse, alors que sa production stagne», la progression de la demande étant «soutenue par des prix à la pompe de l'essence et du gasoil qui sont parmi les plus bas du monde et par la croissance de la flotte algérienne de véhicules qui, elle, est très vigoureuse». La croissance de la demande pèse également sur la facture à l'import, dans la mesure où les raffineries et les capacités locales de productions de carburants ne sont plus en mesure de satisfaire la demande. Pour preuve, et malgré un programme de «dégoulottage des raffineries existantes et de construction de nouvelles usines est en cours, la facture des importations brutes de produits pétroliers (environ 2 milliards de dollars en 2014) et de véhicules (6 milliards de dollars/an en moyenne) et pèse sur ses comptes extérieurs», ceci d'autant que «la baisse des prix du gaz et du pétrole va probablement se traduire pour Alger par un manque à exporter d'au moins 30 milliards en 2015». Que faire pour stopper la saignée ? La hausse des prix du carburants et la révision du système des subventions à l'énergie qui pompent, selon les chiffres du FMI, 11% du PIB, est à chaque fois avancée comme solution incontournable. Cependant, Pétrostratégies note que «les prix des carburants routiers sont si bas qu'une hausse modeste de leur niveau ne suffirait pas à inciter les automobilistes à réduire la consommation». A contrario, «une forte augmentation risquerait de susciter la colère des usagers». Chose qui pousse le gouvernement à pratiquer depuis des années une politique de subventions. Aussi, Pétrostratégies note que si l'Etat a récemment tenté de freiner la hausse vertigineuse des importations de véhicules, en moins de 15 ans, le parc automobile a été multiplié par quatre pour une croissance de la population de 25%. Ce qui pose des contraintes à la logistique d'approvisionnement, en mettant en avant le fait que tandis que la demande augmente la production des raffineries à baissé de 8,2% en 2014. La publication rappelle dans ce sens qu'«un important chantier a été lancé pour augmenter la capacité de raffinage, ainsi que la production de carburants aux normes européennes» devant faire passer la capacité actuelle des six raffineries de 27 Mt/an à 30,7 Mt/an par dégoulottage. Tandis qu'«une deuxième phase prévoit la construction de trois raffineries nouvelles». En outre, «le réseau de canalisations de transport de carburants et de GPL passera de 700 km actuellement à 2200 km d'ici 2020».