En l'espace de vingt-quatre heures et presque à la même heure, deux maisons, appartenant à deux militantes politiques, ont pris feu. Mercredi, vers 11h30, l'appartement situé sur les hauteurs d'Alger d'Amira Bouraoui, militante politique et médecin, a pris feu. Le lendemain, à la même heure, c'est le logement de Zoubida Assoul, avocate et présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), qui a été dévoré par les flammes, à quelques encablures du premier. Selon Amira Bouraoui, l'incendie s'est déclaré vers 11h30, mercredi. «Ma mère, qui habite au dessus, a entendu une explosion et un incendie s'est déclenché», raconte-t-elle. Les pompiers sont arrivés une heure et demie après. C'était trop tard. Le lendemain, pratiquement à la même heure, un autre incendie est déclaré, à quelques encablures du premier. La victime ? Une autre militante politique. Elle s'appelle Zoubida Assoul. Ancienne juge, elle exerce en tant qu'avocate au barreau d'Alger. Elle a fondé, en 2012, l'UCP. Comme Amira Bouraoui, Zoubida Assoul n'a pas la langue dans sa poche. Elle fait le tour des plateaux des télés privées et de certains journaux pour s'attaquer au régime. Ses positions la placent clairement dans l'opposition, même si son langage reste souvent mesuré. Mais contrairement à l'incendie qui s'est déclenché chez les Bouraoui, la maison de Zoubida Assoul a d'abord subi «la visite» de gens invisibles qui ont eu le temps de prendre des documents et des ordinateurs, ainsi que des bijoux, avant que le feu ne se propage dans la maison. Pourtant, la famille ne veut pas se précipiter. «Nous n'accusons personne», indique Cherif Chorfi, le mari de Zoubida Assoul et porte-parole de son parti. Selon lui, il n'y a aucun doute sur le caractère criminel à partir du moment où «il y a eu vol». En tout cas, l'avocate ne s'empêche pas de faire le lien entre l'incendie qui a ravagé son appartement et celui qui a touché la maison de Bouraoui. De son côté, la fondatrice du mouvement Barakat (Ça suffit !) indique avoir des doutes en apprenant qu'il y eu un incendie chez Zoubida Assoul. «Malgré l'insistance de mes proches, je ne voulais pas penser au début à un acte criminel. Mais dès que j'ai entendu parler de l'incendie chez Mme Assoul, je n'exclus rien du tout», dit-elle. Chez les services de sécurité, aucune conclusion n'est encore tirée. «Nous n'avons pas assez d'éléments pour l'instant. Nous communiquerons dès que nous aurons du nouveau», indique un responsable au sein de la DGSN. Sur les réseaux sociaux, on ne s'empêche pas de faire le lien entre les deux incidents. Veut-on faire taire les deux voix ? Rien n'est exclu a priori. Car, les deux femmes ont un point commun : elles sont politiquement engagées depuis plusieurs années. Pire, Amira Bouraoui a même fait l'objet de campagnes de dénigrement depuis plusieurs mois.