Les automobilistes ne changent pas leurs habitudes avec le mois de Ramadhan. Les routes de la capitale bouchonnent la journée, mais aussi le soir. «Même durant ce mois, où les gens bossent moins ou pas du tout, les véhicules circulent toujours. Cela bouchonne sur l'ALN, à Bab El Oued, au centre de Kouba, à la périphérie. A la rue Hassiba, c'est tout le temps la congestion.» Même pour acheter son kilo de zlabia, il faut faire un tour en ville», s'étonne Khaled, vendeur dans un magasin de vêtements situé à la rue commerçante Hassiba Ben Bouali. Sur cette route «faite pour les calèches», c'est le jeu du chat et de la souris entre policiers et automobilistes, dont certains indélicats garent n'importe comment pour faire leur achats, sans se soucier de la file qui se forme. Réprimer n'a rien réglé. La DGSN a, semble-t-il, abandonné son projet de sévir contre le stationnement anarchique. La mise en service de nouveaux modes de transport (métro, tramway), les facilités pour l'obtention du permis de place, qui ont permis l'arrivée d'une trentaine de nouvelles sociétés de taxi - l'opérateur Takhout a mis en circulation plus de 200 véhicules -, n'ont pas permis de faciliter les déplacements dans la capitale. Le lot quotidien de l'Algérois se résume à une régie publique défaillante, à des chauffeurs de taxi grincheux, à l'absence ou au manque de lignes dans certaines localités, particulièrement dans la banlieue proches et les nouveaux sites de relogement. Dans un rapport sur la mobilité urbaine dans l'agglomération d'Alger, l'expert en aménagement urbain, Madani Safar Zitoun, et l'experte en transports urbain et suburbain, Amina Tabti-Talamali, recensent les causes de la congestion récurrente et proposent des «solutions» (rapport Banque mondiale-KNA-MENA, datant de juin 2009 et dont El Watan détient une copie). Si l'une des causes objectives de la congestion de la circulation est liée à la configuration de son site qui a imposé le tracé et le dimensionnement des voies, les autres causes procèdent de facteurs plus «complexes». Incohérence dans la planification «Le très fort regroupement des institutions (…) entraînant une grande concentration des emplois dans un centre-ville très densément peuplé et actif constitue à cet égard une des contraintes principales de la ville d'Alger. Malgré le processus de desserrement des activités et des faits de résidence observés ces vingt dernières années, la ville continue à exercer un formidable pouvoir attractif sur l'ensemble d'une région métropolitaine très vaste, entraînant des mouvements pendulaires intéressant des dizaines de milliers de personnes venant y travailler quotidiennement ou régler des problèmes administratifs ‘‘centraux''. Les modalités mêmes de la croissance urbaine observées ces vingt dernières années, dévoreuses d'espaces périphériques de plus en plus lointains et souvent mal articulés à un réseau viaire désuet et sous-dimensionné, participent également à produire de nouveaux flux de déplacements générateurs de congestion», précise le rapport. Cependant, ce qui explique le mieux la problématique des mobilités difficiles dans l'agglomération algéroise, «c'est sans conteste les hésitations dans la planification urbaine et l'incohérence des choix opérés dans le passé concernant le traitement de la question des mobilités. Les nombreux projets de réalisation d'infrastructures de transport (métro, tramway, autoroutes de contournement, etc.) lancés depuis une dizaine d'années apporteront certes une amélioration considérable dans les conditions de transport des Algérois, mais leur efficacité et leur pertinence dans le règlement des problèmes de déplacement des personnes et des biens restent tributaires d'un renforcement des capacités institutionnelles de gestion, aux différents niveaux et paliers de la gouvernance urbaine», recense-t-on dans ce rapport où il est précisé qu'au niveau de la planification urbaine, les nombreux changements de statut juridique qu'a connus l'organisation institutionnelle de la capitale n'ont pas permis l'injection de la cohérence «horizontale» nécessaire dans l'action urbanistique. Des solutions en perspective ? Selon les rédacteurs du rapport, à la lumière des expériences passées en matière d'organisation du système, il est nécessaire de mettre en place une nouvelle approche organisationnelle et institutionnelle dont certains principes sont consacrés par le dispositif législatif mis en place par la loi 01-13 du 07 août 2001 sur l'orientation des transports terrestres, ainsi que par les textes subséquents pris pour son application. «Les mesures qui ont été engagées, notamment le parachèvement et le lancement des projets de moyens de transport de grande capacité dans l'agglomération d'Alger (métro, train de banlieue et tramway, réhabilitation et restructuration de l'Etusa et adoption d'un programme d'équipement conséquent à son profit), ne pourront produire les effets positifs attendus s'ils ne sont pas complétés par la mise en place d'une autorité organisatrice des transports urbains. Là aussi, à l'instar de ce qui devrait être fait en matière de planification et de gestion urbanistique, on ne peut laisser en place l'organisation actuelle qui est caractérisée de manière générale par une multitude d'acteurs institutionnels dont les compétences et les missions se chevauchent et s'entremêlent», signalent-ils. Une Autorité organisatrice des transports urbain (AOTU), qui serait chargée notamment de définir la politique des déplacements ainsi que l'organisation des transports, permettrait, indiquent les rédacteurs dans leur conclusion, «de compléter l'architecture institutionnelle en cours de conception et de gestation au niveau des autorités centrales et locales».