La pomme de terre a vu son prix grimper vertigineusement ces derniers jours pour atteindre 40 DA le kilo. De l'avis des professionnels concernés, ce prix risque de s'envoler encore si les stocks détenus dans les chambres froides ne sont pas libérés à temps. On croit savoir que des quantités importantes de ce produit sont stockées actuellement, faute de mécanismes de régulation et de contrôle. Beaucoup de propriétaires des moyens frigorifiques, acquis dans le cadre du soutien de l'Etat à l'investissement agricole, agissent, semble-t-il, comme bon leur semble en approvisionnant le marché au compte-gouttes. Certains par esprit de spéculation, d'autres pour « équilibrer leur gestion déficitaire », si l'on croit les informations circulant à ce propos. Des producteurs se plaignent, en effet, de l'augmentation des charges liées à l'exploitation de leurs terres, citant, entre autres, le relèvement des prix du carburant et des semences. « En moyenne, le travail d'un hectare de pomme de terre nous revient à 25 millions de centimes », soulignent certains d'entre eux. Et puis, ajoutera un autre, « l'Etat n'a rien fait pour nous compenser les pertes enregistrées suite à la mévente du produit, à des périodes données ». Reconstitution des semences Pour d'autres intervenants du secteur, la tension que connaît la pomme de terre était prévisible pour deux raisons essentielles, à savoir le manque d'eau destinée à l'irrigation et le prélèvement d'une quantité importante de la pomme de terre pour la reconstitution des semences. « En raison des avaries qu'a connues la semence d'importation, des agriculteurs ont dû puiser dans la pomme de terre de consommation pour la transformer en semences, ce qui a réduit de moitié les stocks détenus », indique un responsable d'une organisation agricole. Toujours est-il que, malgré l'effort financier important consenti par l'Etat au profit du secteur, celui-ci reste toujours prisonnier d'une gestion désordonnée et irrationnelle qui arrange les affaires de rentiers du système et d'intermédiaires sans scrupules. Cela sonne, apparemment, l'échec de la politique de soutien à l'investissement agricole suivie jusque-là par les pouvoirs publics. Une politique que l'on persiste à encourager à fonds perdus sur le dos du contribuable. C'est du moins l'impression générale qui se dégage au niveau des marchés publics où les produits essentiels commencent à flamber à l'approche du mois sacré du Ramadhan.