Les prix pratiqués dans cette région à vocation essentiellement agricole dépassent tout entendement. En effet, après un hiver particulièrement pluvieux, on s'attendait à une production abondante, avec des prix à la portée de toutes les bourses. Il n'en a rien été, la mercuriale ayant connu une hausse vertigineuse dans les marchés publics et autres points de vente, notamment en ce qui concerne les produits de base. La tomate est ainsi cédée à 100 DA le kilo, la pomme de terre à 30 DA, les petits pois à 60, les artichauts à 40 et l'oignon à 20, pour ne citer que ces exemples. Les fruits sont devenus quasiment inaccessibles pour les revenus modestes, malgré la présence d'un important potentiel arboricole. L'orange dont c'est pourtant le fief est vendue à 60 DA le kilo pour les variétés de dernier choix, alors que les pommes importées ou de production locale dépassent allégrement les 130 DA. Comment expliquer une telle situation dans la mesure où le secteur a bénéficié d'importants programmes de développement et de soutien aux fellahs dans le cadre du PNDA et du FNDRA ? Pour ce qui est des primeurs, comme la tomate et le poivron, la flambée est due, selon un représentant de la Chambre d'agriculture, aux dégâts occasionnés par la neige et le gel aux cultures sous serres, principale source d'approvisionnement de la région, surtout en cette période. Celles-ci sont concentrées dans les localités de Breira, Hamlil et Herenfa, au nord-est et ouest de la wilaya. Si tel est le cas pour ces produits, il n'en est pas de même pour cette denrée stratégique qu'est la pomme de terre. De l'avis de tout le monde, il y a eu surproduction ces derniers temps, ce qui devrait normalement se traduire par une baisse sensible de son prix de vente, d'autant plus qu'il existe pas moins d'une trentaine de chambres froides nouvellement réalisées par les fellahs dans le cadre du soutien de l'Etat à l'investissement agricole. Or, ces structures sont loin de jouer le rôle pour lequel elles ont été créées, à savoir le stockage au fin de régulation du marché afin d'éviter la spéculation et le dérèglement du circuit de distribution. Le produit est servi « au compte-gouttes » pour des raisons que l'on sait. On a l'impression donc que ces investissements ont été détournés de leur vocation principale au profit de spéculateurs et d'intermédiaires parasitaires, au point que l'on commence déjà à parler de barons locaux de la pomme de terre avec... le soutien financier de l'Etat.