La capitale du Titteri est sale et la situation s'est empirée durant ce mois sacré du Ramadhan. Les immondices s'amoncellent à chaque coin et recoin de rue, dégageant des odeurs nauséabondes au vu et au su de tout le monde. Les citoyens qui vaquent à leurs «occupations» quotidiennes, qu'ils soient responsables ou simples citoyens, ne semblent point gênés en enjambant à chaque fois devant chez eux ces sachets d'ordures jetés à même le sol, éventrés et éparpillés sur la chaussée par les chats et les chiens errants. Conséquence, des nuées de mouches, de moustiques et d'autres bestioles volantes envahissent les habitations aux fenêtres entrouvertes, chaleur étouffante de l'été oblige. Elles sont attirées par la nourriture puante jetée dans la décharge. C'est la preuve que les leçons dispensées dans les écoles sur l'hygiène et la propreté durant toute l'année scolaire et les conseils et prêches prônés par les imams au profit des adultes n'ont pas suffi. La ville offre en cette saison estivale le lamentable spectacle d'une cité où la saleté triomphe le long de ses boulevards, ruelles et quartiers périphériques sous l'œil indifférent de la société civile qui pourtant accourt vers d'autres choses de moindre importance. Selon les déclarations d'un éboueur qui travaille d'arrache-pied, «cette situation est due aux faibles moyens humains et matériels inadéquats mis à la disposition des services de l'hygiène et de l'entretien de la municipalité qui n'ont pas évolué depuis avec l'extension du schéma de la cité et l'ampleur énorme qu'a pris le volume très conséquent de déchets à enlever par jour. En outre, les fréquentes pannes de camions accentuent également la situation». Ainsi, la collecte des ordures ménagères dans l'agglomération de Médéa est devenue très difficile et irrégulière, largement dépassée, ajouté à cela l'incivisme, l'insouciance des ménages qui font sortir leurs déchets à n'importe quelle heure de la journée ou de nuit, ne respectant nullement le passage des camions collecteurs. C'est l'impunité totale au laisser-faire d'une catégorie d'individus anarchiques et égoïstes qui continuent à gâcher la vie de la société entière par un comportement qui n'a ni foi ni loi et même pas une valeur sociale tirée d'un fondement civilisateur, même si celle-ci va détériorer la santé des semblables. Aussi, cette situation intenable du cadre de vie des citoyens est caractérisée encore par le piteux état des chemins vicinaux de la cité millénaire dont la grande partie desservant les quartiers et le centre-ville est impraticable, complètement défoncée et parsemée de profondes crevasses et tranchées béantes, accentuées par les intempéries hivernales. Les habitants sont empoisonnés par les denses nuages de poussière soulevés par les automobilistes en été, alors qu'en hiver ils sont éclaboussés de gadoue. Des promesses ont été faites pourtant par l'actuel exécutif de l'APC pour entamer les travaux de revêtement de ces voies au mois d'avril dernier dans le cadre du PCD, mais à nos jours le citoyen médéen s'impatiente encore, alors qu'au niveau des quelques routes empruntées par des privilégiés, comme il se dit bien dans le milieu populaire «où passe Si Ahmed tout est intact, bien propre et entretenu impeccablement».