Marginalisés, ignorés, voire méprisés par la société, les éboueurs accomplissent avec courage et résignation leur travail dans des conditions lamentables et parfois inhumaines. Au chef-lieu de wilaya, censé être la vitrine de la région, cette corporation n'est guère encouragée. Elle semble livrée à elle-même. Elle est classée au bas de l'échelle des rémunérations et elle ne dispose pas d'un statut en mesure de lui assurer stabilité, promotion et sécurité. La ville de Guelma, devenue une métropole de plus de 160 000 habitants, est en pleine expansion, grâce aux différents programmes initiés par les pouvoirs publics. Le service de nettoiement de la commune ne possède pas de moyens matériels performants afin d'atténuer la charge sur les agents chargés du ramassage des ordures ménagères au niveau de tous les secteurs. En effet, le parc roulant ne répond pas aux besoins réels puisque des remorques attelées à des tracteurs sillonnent quotidiennement plusieurs quartiers et cités. Les bennes tasseuses conçues pour le ramassage et le traitement efficace des ordures ménagères sont nettement insuffisantes. Les éboueurs travaillent dans des conditions déplorables : ils ramassent à mains nues les sachets éventrés par des animaux errants ou de pauvres hères à la recherche de produits alimentaires, et les entassent dans la remorque. Les poubelles avec couvercles que sortaient dans un passé récent les citoyens avant le passage du camion communal, ont disparu des mœurs ; elles sont remplacées par les sachets en plastique. Les éboueurs sont parfois blessés, lors de la manipulation, par des tessons de bouteilles, des objets métalliques et autres. Ils sont exposés aux mauvaises odeurs, aux risques de contaminations et aux salissures. Sous d'autres cieux, cette corporation exerce dans des conditions idoines, à savoir bennes-tasseuses spécifiques, tenues de travail appropriées, bottes, gants. La collecte des déchets ménagers se déroule sans risques majeurs, car les familles respectent à la lettre les consignes édictées. Les éboueurs sont gratifiés d'étrennes le jour de l'an, et un président de la République les avait conviés à sa table pour le petit-déjeuner pour leur témoigner la reconnaissance et la considération de toute la population ! Ce métier, jugé avilissant, doit être revalorisé par les pouvoirs publics, car la santé, l'hygiène et la salubrité en dépendent. Il appartient aux responsables concernés de se pencher sur ce secteur souvent marginalisé qui mérite sympathie, octroi de salaires et primes à la hauteur de sa mission. Il n'est pas utopique d'attribuer à ces ouvriers communaux des tenues de travail, des bottes, des gants et des casques, pour leur faciliter leur besogne. Le renouvellement du parc roulant s'avère également nécessaire, et la réalisation de douches en faveur de cette corporation est une priorité. En outre, les citoyens sont également interpellés aux fins de faire preuve davantage de civisme. Les éboueurs ont droit à la dignité, au respect de tous les administrés.