Ils sont 150 agents environ travaillant dans le service de nettoiement de la ville de Blida. Leur t�che est l�enl�vement quotidien de 340 tonnes de d�chets et d�ordures m�nag�res qu�ils camionnent journellement vers le centre d�enfouissement de Souma�, � 10 km � l�est de Blida. Une rude besogne qu�ils accomplissement g�n�ralement la nuit, au moment o� beaucoup de personnes dorment ou se pr�lassent en regardant la t�l�vision. Mais en d�pit de leurs efforts pour d�barrasser les ruelles et les cit�s des immondices que laissent ces personnes, ces professionnels de l�hygi�ne sont souvent conspu�s, voire maltrait�s par les citoyens. Ces derniers leur reprochent, en effet, de laisser des odeurs naus�abondes sur leur passage, et ce, en raison des eaux souill�es que leur camion laisse devant leurs maisons. Toutefois, expliquent les �boueurs, la d�goulinade de ce jus puant est caus�e par les mati�res liquides qui se trouvent dans les sachets � ordures et que leur broyage par la presse du camion fait �clater en dehors de la benne. �Les gens jettent souvent le reste de leurs repas dans les sachets alors que cela ne doit pas se faire�, nous a fait savoir un agent de nettoiement qui continue : �Une fois, � peine que nous avions jet� un sachet dans le syst�me de broyage du camion, des bouteilles en plastique avaient �clat�. Cons�quence : nous avions tous �t� asperg�s par de l�urine qui en gicl�e.� C�est dire que les �boueurs sont fr�quemment expos�s � ce genre de situation. Si ce n�est carr�ment de la chorba ou autre soupe aux �manations rebutantes, ce sont d�autres liquides, parfois dangereux, qui sont renferm�s dans les sachets � ordures. �Les camions poubelles sont con�us pour triturer des d�chets secs, et dans les pays d�outre-mer, les gens respectent les consignes dispens�es par les mairies de leurs villes. Sauf qu�il est d�solant de voir chez nous les citoyens jeter n�importe quoi dans les sacs � ordures�, nous a expliqu� un ancien agent du service de nettoiement de Blida. Et il n�est pas sans dire que l�incidence de cette n�gligence citoyenne ne soit sans douleur pour ces travailleurs de nuit. Mais pour des raisons de dignit�, ils pr�f�rent souvent cacher leur souffrance pour s��viter de s�attirer des ennuis. Par ailleurs, nous disent ces �boueurs que �dans plusieurs quartiers de Blida, les habitants nous offensent ou nous m�prisent. Que leur a-t-on fait, nous qui passons devant leurs maisons rien que pour les d�sencombrer de leurs d�tritus�. C�est avec amertume qu�ils nous ont livr� ces renseignements. Cependant, dans la nuit de mardi � mercredi derniers, une �quipe de ces professionnels de l�hygi�ne est sortie de son gond apr�s qu�un citoyen les a piqu�s au vif par des propos orduriers. �Vous �tes des ordures et vous resterez ordures. Et moi je vous �crase�, leur a lanc� ce citoyen, nous dira le chauffeur du camion de cette �quipe qui nous a interpell� vers 22h30. En effet, ce citoyen qui n�a pas aim� voir leur camion stationner pr�s d�un gargotier les a insult�s avant de passer aux mains. Et pourtant, les �boueurs s�y trouvaient pour le ramassage des d�tritus laiss�s par les commer�ants, notamment les poissonniers du march� couvert de Blida. Et le comble, cela s�est pass� en face d�un commissariat. Bassement malmen�s par ce quidam, l��quipe des �boueurs s�est vue oblig�e d�arr�ter le travail et d�aller porter plainte. Entendus sur PV, ils ne quitt�rent le si�ge de la s�ret� de wilaya qu�� minuit. Nous sommes all�s � leur rencontre. Ils �taient moralement abattus mais enti�rement d�cid�s � ne pas abdiquer. Il importe enfin de souligner que le plus jeune de cette �quipe d��boueurs a 54 ans. Ils sont proches de la retraite. Une fois partis, qui va s�occuper du nettoyage de la ville d�autant plus que les jeunes d�aujourd�hui r�pugnent ce m�tier. Alors, pourquoi brutaliser des hommes qui nous d�barrassent de nos d�chets surtout que nous refusons de faire leur travail�