Un commandant de Région sur six, Benali Benali, et un chef de force sur six, Ahmed Boustila, ont été promus du grade de général-major à celui de général-major de corps d'armée. Depuis le 5 juillet, ils ont un grade supérieur à celui de leur chef hiérarchique, le commandant des forces terrestres, considéré comme étant le n°2 de l'état-major de l'ANP. Les deux promotions au grade de général-major de corps d'armée laissent perplexe et suscitent des interrogations. Jugeons-en. Dans le communiqué du ministère de la Défense nationale, rendu public dimanche en fin de journée, il est fait état de la décision de hisser le chef de la 5e Région miliaire, Benali Benali, et le commandant de la Gendarmerie nationale, Ahmed Boustila, au grade de général-major de corps d'armée, le plus haut grade de la hiérarchie miliaire jusque-là détenu uniquement par le chef de l'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, et le patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Toufik Medienne. D'abord au niveau des chefs des Régions militaires, qui jusque-là ont tous le grade de général-major. Ensuite, même chez les chefs des forces armées, qui assistent à la seule promotion du patron de la Gendarmerie nationale, Ahmed Boustila. Il est vrai qu'en tant que commandant de Région, Benali Benali est le doyen. Son âge avoisine les 78 ans ; il avait rejoint l'ALN en 1956. Au début des années 1990, il avait été décoré du grade de général et installé en tant que directeur central au niveau du ministère de la Défense. Blessé lors d'un attentat terroriste à El Biar, à Alger, il est nommé, quelque temps plus tard, attaché de défense au Caire, et promu général-major, alors qu'il était toujours en poste en Egypte. Dès son retour au pays en 2002-2003, il est nommé commandant de la 6e Région militaire, à Tamanrasset, puis de la 5e RM, qu'il dirige depuis dix ans, comme l'ensemble des autres commandants de région qui cumulent à la tête de ces postes une moyenne d'au moins dix ans. Il est certes le plus âgé d'entre eux, mais il n'est pas loin de ses collègues hauts gradés, qu'il dépasse de quelques années. Sa promotion au grade de général de corps d'armée le place à un niveau de grade supérieur à son chef hiérarchique, qui est le commandant des forces terrestres, le général-major Tafer. Ce dernier est considéré, à ce titre, comme le n°2, après le chef de l'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, dont il est pratiquement l'adjoint, et assure l'intérim à chaque fois qu'il s'absente. L'autre énigme non encore élucidée est la promotion du commandant de la Gendarmerie nationale, le général-major Ahmed Boustila, au grade de général-major de corps d'armée. A ce poste depuis 2000, Boustila avait fait parler de lui vers la moitié des années 1990, en raison de ses démêlés avec le général Kamel Abederrahmane, alors à la tête de la Direction centrale de la sécurité de l'armée. Grâce à un compromis, il a été envoyé à Pékin, en Chine, pour une formation et dès son retour, il est promu major, puis installé en tant que commandant de la Gendarmerie nationale, en remplacement du général-major Tayeb Derradji. Boustila a rejoint l'ALN en 1961 ; il dépasse, lui aussi, les 74 ans et cumule 15 années à la tête de la GN, faisant face à toutes les crises qui ont secoué ce corps, notamment lors du printemps noir en Kabylie, en 2001, qui a provoqué le départ de ses troupes de la région, plongeant celle-ci dans une situation sécuritaire des plus inquiétantes. Ahmed Boustila s'en sort indemne de cette épreuve, en dépit des graves accusations portées à l'encontre de certains de ses éléments, qui auraient, selon les rapports d'enquête sur les événements de Kabylie, fait usage de leurs armes contre les manifestants, sur ordre de leur hiérarchie. L'on note la promotion d'un seul commandant de force au grade de général-major de corps d'armée, alors que ne sont pas concernées les forces aériennes, maritimes, républicaines et terrestres. Pourquoi ? Et comment peut-on hisser deux gradés, au rang le plus haut, y compris de celui de leur chef hiérarchique ? Certains voient dans ces deux promotions, au pire une gratification à la veille d'une mise à la retraite et au mieux, une affectation aux postes de conseillers auprès de l'état-major ou à la Présidence, comme l'a été le défunt général-major de corps d'Armée, Benabbès Gheziel, de 2006 à 2014. Dans les deux cas, les décisions ne manquent pas de susciter des interrogations dont les réponses ne peuvent être en tout cas données qu'une fois le mouvement dans les rangs de l'institution militaire, prévu incessamment, sera connu.