L'affaire de l'incendie des domiciles des deux opposantes, Amira Bouraoui et Zoubida Assoul, n'a pas encore livré tous ses secrets. S'agit-il d'une tentative d'intimidation des deux militantes ? Les victimes préfèrent attendre les conclusions de l'enquête menée par les services de sécurité. «J'espère qu'on n'essaye pas d'intimider les opposants en brûlant leurs domiciles. Je préfère dire que c'est un pur hasard», a déclaré, hier, Amira Bouraoui qui dit être «totalement perdue». Du côté de la police, «l'enquête suit son cours»… «Nous ne disposons pas pour le moment d'informations nous indiquant que les deux affaires sont liées», se contente-t-on de répondre à la direction de la communication de la DGSN. «L'enquête est toujours en cours et la police scientifique s'attelle à étudier tous les indices pouvant renseigner sur les auteurs mais aussi sur le mobile de cet acte», rassure cette institution. Six jours après l'incendie du domicile de la fondatrice du mouvement Barakat, l'affaire est toujours sans réponse. Amira Bouraoui dit ne pas vouloir céder à la peur : «J'essaye de me convaincre que c'est juste un incendie. Je ne veux pas céder à la peur.» Elle avait été victime d'une campagne de dénigrement après ses spectaculaires interventions sur les plateaux de télé et ses participations aux manifestations pour s'opposer au quatrième mandat du président Bouteflika. Ce n'est pas la même ambiance chez Zoubida Assoul. L'affaire de l'incendie, jeudi dernier, de son domicile est entre les mains de la gendarmerie. Zoubida Assoul, ancienne magistrate et actuellement présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), est toujours sous le choc. Sa famille dispose en tout de 15 m2 pour vivre après les dégâts subis. «Plus de trente ans de labeur sont partis en fumée. Ma maison a été completement saccagée. Mes bijoux ont été volés. Les auteurs de cet acte abject ont brûlé ma chambre à coucher. Ils ont pris mon passeport, mes documents de travail, mon flash disk… Ils ont violé mon intimité», lâche Mme Assoul qui ne cache pas son inquiétude face la gravité de la situation. «Je suis sûre que je suis personnellement ciblée. Notre maison se situe dans une résidence où habitent des élus et de hauts fonctionnaires. Pourquoi leurs domiciles n'ont pas été cambriolés, si c'était une question de vol uniquement ? Il est actuellement important de savoir par qui je suis ciblée», déclare l'ancienne juge. Elle dit mesurer la gravité des faits, elle qui dispose du background juridique nécessaire pour juger l'importance et la gravité de ce qui lui est arrivé. Mme Assoul se dit également indignée de l'indifférence des pouvoirs publics. «Je suis présidente d'un parti politique. Je suis victime d'un incendie, aucune autorité de mon pays ne m'a adressé un message de soutien ou m'a assurée d'élucider l'affaire. L'heure est plus que grave», s'indigne la présidente de l'UCP. L'incendie s'est déclaré au domicile d'Amira Bouraoui, mercredi 1er juillet vers 11h30. «Ma mère, qui habite au-dessus, a entendu une explosion et l'incendie s'est déclenché», raconte la fondatrice de Barakat. Le lendemain, pratiquement à la même heure, un autre incendie a ravagé l'appartement de la présidente de l'UCP. Plusieurs documents personnels et objets de valeur ont également disparu.