Les ventes de boissons et autres jus algériens ont explosé pendant ce Ramadhan dans les commerces tenus par des Maghrébins. Le mois de Ramadhan signifie pour beaucoup de Montréalais d'origine algérienne un retour en force des produits algériens sur la table du f'tour. Bien que disponibles pendant toute l'année dans les épiceries «ethniques» dans le Petit Maghreb, un regain d'intérêt est enregistré durant le Ramadhan pour les boissons gazeuses et les jus algériens. Merouane Belattar, propriétaire de la compagnie Syphax import-export et importateur de produits algériens, reconnaît qu'il n'a même pas besoin de faire de la publicité pour écouler sa marchandise. Les chaînes de télévision algériennes captées par satellite en Amérique du Nord ou sur internet assurent toute la promotion avec la publicité qui tourne presque en boucle pendant le Ramadhan. A force de persévérance, il a réussi à placer les boissons Ifri chez Loblaws, une grande enseigne de distribution canadienne. «Nous ramenons nos produits directement de l'usine et comme ils répondent aux normes canadiennes et qu'ils sont sans conservateur, nous avons pu sortir le produit algérien du marché ethnique qui reste limité», explique celui qui est arrivé d'Algérie il y a 12 ans. Le problème soulevé par beaucoup de consommateurs algériens dans la métropole canadienne est l'écart des prix du même produit d'un magasin à un autre. Il n'est pas rare de trouver une bouteille de boisson gazeuse Hamoud Boualem au prix de 1,69 dollar dans un magasin et 2,49 dollars dans un autre. Cette disparité dans les prix s'explique par l'entrée d'importateurs «trabendistes» qui achètent les produits algériens chez les grossistes à Alger en court-circuitant le fabricant. Ils créent des entreprises de droit algérien auxquelles ils vendent ces produits et les expédient au Canada, «oubliant» au passage que les fabricants ont des produits qui sont destinés exclusivement à l'exportation. Car chaque pays à ses normes de santé, d'emballage et d'étiquetage. Mais cette quête du gain rapide nuit à l'image du produit algérien et retarde son entrée dans la grande distribution canadienne. Curieusement, ils arrivent à passer les Douanes algériennes sans aucune difficulté. Résultat : des produits subventionnés par l'Etat algérien, comme la semoule, se retrouvent en vente sur le marché canadien (bien canadien, il ne s'agit pas d'Oujda ou de l'Est marocain). Bien qu'il fasse grande partie de son chiffre d'affaires dans les boissons et les jus, Merouane Bellattar est convaincu que l'assainissement de la corporation et une implication de la diplomatie économique algérienne aideraient à exporter beaucoup d'autres produits vers le Canada et aller au-delà des dattes. Et pourquoi pas les fruits et légumes autres que la pomme de terre qui reste un tabou dans les relations économiques entre les deux pays !