La saleté tend à se généraliser dans les quatre coins de la capitale et ses banlieues. Ce que j'ai vu comme insalubrités à El Hamiz, à Heuraoua ou à Bordj EL Bahri m'ont sidéré (...) Les décharges sauvages prolifèrent partout, même en face du Palais du gouvernement ». Ainsi s'était adressé M. Addou aux walis délégués et aux présidents des Apc, lors de la réunion de l'exécutif tenue le 28 septembre 2004. Le nouveau wali, officiellement installé le 11 du même mois, avait averti tout le monde : « Je ne veux pas entendre parler de campagnes d'assainissement limitées dans le temps, mais d'une gestion saine et pérenne (...) » Ainsi, les autorités locales avaient mis les bouchées doubles et la capitale n'avait jamais connu autant d'activités de nettoiement. Entre fin septembre et fin novembre, 55 000 m3 de déchets ménagers ont été collectés par les agents de NetCom. Malheureusement, ce que le wali avait voulu, se révéla une campagne très limitée dans le temps. La première ville du pays, en dépit de la volonté du wali, est toujours sale. Les autorités ont été obligées de débloquer plus de 2 milliards de dinars, début mars 2005, pour préparer le sommet du monde arabe. Une année après cette « grande lessive », les choses se tassent et c'est M. Addou qui le dit le 15 août 2005 en s'adressant aux mêmes walis délégués et présidents d'Apc : « Nous sommes très loin des résultats escomptés (...) » En octobre de la même année, The Economist Intelligence Unit, un bureau d'études britannique spécialisé, a indiqué qu'Alger est une des villes les « moins fréquentables » dans le monde aux côtés de Port Moresby (Papouasie), Dacca (Bangladesh), Karachi (Pakistan), Lagos (Nigeria) et Phnom Penh (Cambodge). En janvier 2006, 700 nouvelles cités sont, indique-t-on, sans niches à ordures. La construction de 81 000 logements d'ici 2010 générera, assure-t-on, 10 000 tonnes de déchets ménagers/jour supplémentaires aux 2000 t/jour actuellement. La gestion de la ville, dans l'imaginaire du successeur de Abdelmalek Nourani, ne peut pas être conçue en dehors de la participation citoyenne qui fait défaut. Aussi, l'autre grand chantier de M. Addou était l'installation, dès fin septembre 2004, des comités de la ville (Coville). Ces derniers sont censés être des « espaces de concertation » entre les citoyens et les élus locaux dans chaque commune. Ce projet n'a jamais été concrétisé. Le wali n'a pas été entendu quand il a appelé, en août 2005, à « redynamiser » les Covilles dans les « meilleurs délais ». Pourtant, il avait le souci de mobiliser le citoyen, et surtout le mouvement associatif, dans la gestion de son cadre de vie. Les atteintes portées à ce même cadre sont nombreuses. Le commerce informel en est un exemple parfait. Dès son installation, M. Addou a appelé à la lutte contre le commerce illégal en proposant de régulariser les marchés clandestins en marchés couverts. 96 marchés informels ont été ainsi recensés par la wilaya en décembre 2004. En juin 2006, le chiffre tombe à 90. La « prise en charge » de ce fléau, qui a pris de l'ampleur à l'occasion de la rentrée scolaire et de l'approche du Ramadhan, se fait donc timidement. « Le commerce informel ne doit plus exister. Il n'est pas question qu'un marché éradiqué puisse se reconstruire (...) », a indiqué, l'année passée, le premier responsable de la wilaya. C'est tout le contraire qui se passe actuellement. Ce n'est pas l'argent qui manque, pourtant. La capitale a consommé 248 milliards de dinars entre 2000 et 2004. Le budget 2006 est de plus de 35 milliards de dinars. Alger a bénéficié de 95 milliards de dinars dans le cadre du programme quinquennal... Difficile de gérer tout cet argent quand on a un « manque d'imagination », pour reprendre M. Zerhouni.