Le wali d'Alger, Mohamed Kébir Addou, ordonne aux walis délégués des circonscriptions administratives et daïras, sans omettre les P/APC, de passer le plus clair de leur temps sur le terrain et de cesser de se recroqueviller au bureau. « Je veux que vous soyez quotidiennement aux côtés du citoyen. Je vous interdis d'occuper les bureaux alors que de nombreux problèmes, dont souffre la capitale du pays, ont tendance à perdurer », a-t-il déclaré, hier, lors d'une réunion de l'exécutif dont l'ordre du jour ne comportait que deux points : L'hygiène publique et la préparation de la rentrée scolaire 2005-2006. Deuxième rencontre organisée depuis son installation à la tête de la wilaya d'Alger, l'ex-wali de Djelfa n'a pas hésité à dresser un véritable réquisitoire sur ce qu'il a « constaté de visu » lors de ses visites inopinées à travers certaines localités de la wilaya. « La saleté tend à se généraliser dans les quatre coins de la capitale et ses banlieues. Ce que j'ai vu comme insalubrités à El Hamiz, à Heuraoua ou Bordj El Bahri, m'ont sidéré », a-t-il ajouté en signalant la prolifération de décharges sauvages pratiquement partout, « même en face du Palais du Gouvernement », dit-il, sur un ton coléreux. Il annoncera dans la foulée la création de comités de la ville auprès des APC. Ceux-ci, sous la coupe des maires, devront être des « espaces de concertation » et impliqueront la société civile. « Ce sera un véritable espace citoyen qui aura son mot à dire quant à la gestion de la cité, mais ne se substituera en aucun cas à la gestion officielle », dira-t-il en affirmant que l'arrêté portant création de ces « Covilles » est en cours d'élaboration. Laissant entendre qu'il hérite d'une situation peu reluisante en ce qui concerne l'hygiène publique, il ira jusqu'à lâcher comme pour sermonner son prédécesseur : « Je ne suis pas content. » Et de signifier à une assistance médusée par le ton employé par un wali hors de lui, mais qui paraissait être bien « brieffé » en ce qui concerne les dossiers en souffrance, que tous les moyens seront mis à contribution pour nettoyer la ville. « Je ne veux pas entendre parler de campagne d'assainissement limitée dans le temps, mais d'une gestion saine et pérenne. Que les moyens des entreprises publiques et privés travaillant avec la wilaya soient immédiatement réquisitionnés de même que ceux des offices publics tels les OPGI. Je prends moi-même la responsabilité quant à l'aspect financier de l'opération », décrète-t-il, non sans citer aussi « les innombrables marchés informels qui pullulent dans la capitale ». Là aussi, il ordonnera aux walis délégués de « secouer » les P/APC afin d'être efficaces, et proposera de régulariser ces marchés clandestins en marchés couverts et réglementés. Les retards accusés en matière de logement social, d'infrastructures scolaires et universitaires seront également évoqués. « Je tiens à ce que les chantiers inscrits pour cette année soient concrétisés le plus tôt possible, notamment les 20 000 logements sociaux qu'attendent impatiemment les “zawalia''. Comme je tiens aussi à ce que la rentrée scolaire et universitaire de l'année 2005-2006 soit gérée mieux que celle en cours. Nous n'avons pas de raison d'être fiers de la rentrée 2004-2005 à cause de la non réception de nombreux établissements scolaires pourtant inscrits au programme de cette année », avouera-t-il avant de quitter précipitamment la salle.