L'ayatollah Ali Khamenei veut rassurer les conservateurs sur le fait qu'en négociant avec les Occidentaux, l'Iran n'a pas hypothéqué son autonomie de décision ou d'action. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a souligné, hier devant les responsables politiques et militaires iraniens, que l'accord nucléaire conclu le 14 juillet dernier à Vienne ne changera pas la politique de l'Iran au niveau régional. «La République islamique d'Iran ne renoncera pas à soutenir ses amis dans la région, les peuples opprimés de Palestine, du Yémen, les peuples et gouvernements syrien et irakien, le peuple opprimé du Bahreïn et les combattants sincères de la résistance au Liban et en Palestine (...)», a-t-il dit. La sortie de l'ayatollah Ali Khamenei est à appréhender d'abord comme une réponse aux déclarations de responsables des monarchies du Golfe qui avaient estimé, mercredi dernier, que pour une normalisation des relations entre les pays de la région et l'Iran, les dirigeants iraniens se devaient de renoncer à soutenir le «terrorisme», allusion faite à l'aide apportée par Téhéran au gouvernement syrien, aux Houthis au Yémen, aux opposants au Bahreïn et au Hezbollah libanais. Ils sont même allés jusqu'à demander à l'Iran des gages d'assurance. Les membres du Conseil de coopération du Golfe avaient, rappelle-t-on, accueilli avec une grande frilosité l'annonce d'un accord sur le nucléaire iranien. De ce côté-là, la réponse est donc claire : l'Iran ne compte pas se renier simplement pour plaire à ses voisins. Du moins, rien ne devrait se faire sans rien. En tenant de tels propos, le responsable iranien veut également rassurer une partie de l'opinion iranienne, particulièrement les conservateurs, sur le fait que l'accord n'aura pas pour effet d'affaiblir la politique étrangère de l'Iran. Les conservateurs iraniens considèrent les concessions faites aux Occidentaux sur le nucléaire comme un affront. Ils redoutent que celles-ci aient pour effet de brider l'autonomie de décision et d'action du pays. En guise d'assurance, l'ayatollah Ali Khamenei a d'ailleurs insisté sur le fait que l'Iran poursuivrait sa politique face aux Etats-Unis. «Notre politique ne changera pas face au gouvernement arrogant américain», malgré l'accord sur le nucléaire, a déclaré M. Khamenei devant des fidèles rassemblés à l'occasion de la prière de l'Aïd El Fitr sur l'esplanade de la grande mosquée Imam Khomeiny, située dans le centre de Téhéran. «Les politiques des Etats-Unis dans la région sont opposées à 180% à celles de la République islamique d'Iran», a-t-il ajouté. «Nous avons répété à de nombreuses reprises que nous n'avons aucun dialogue avec les Etats-Unis sur les questions internationales, régionales ou bilatérales. Quelque fois, comme dans le cas du nucléaire, nous avons négocié avec les Etats-Unis sur la base de nos intérêts», a-t-il souligné avant d'ajouter que «l'Iran ne faisait pas confiance aux Etats-Unis car les politiciens américains ne sont pas sincères». Le texte de l'accord sur le nucléaire iranien doit, signale-t-on, obtenir encore une approbation légale pour entrer en vigueur. Le Parlement iranien et le Congrès américain doivent en effet approuver l'accord. Mais d'ores et déjà une résolution sera adoptée demain par le Conseil de sécurité de l'ONU pour entériner le texte qui prévoit aussi l'interdiction de toute activité liée aux missiles balistiques à capacité nucléaire, et ce, pendant huit ans.