Plusieurs retraités de l'éducation nationale ont reçu des mises en demeure pour quitter leurs logements de fonction. Des retraités de lycées de Hussein Dey (Alger) ont reçu des jugements définitifs de la justice leur ordonnant de sortir de leurs logements. Les concernés espèrent la clémence de la justice qui leur octroie un délai pour leur expulsion. «Des dizaines de familles sont menacées d'expulsion à Hussein Dey, mais aussi dans d'autres communes de la wilaya. Le Ramadhan n'a pas permis d'arrêter l'opération. Moi j'ai reçu mon jugement avant l'Aïd. Que doit-je faire ?», s'interroge, éplorée, une dame qui appréhende d'être «mise à la rue par la force publique» après l'expiration du délai accordée par la justice. Selon des retraités, tous les employés ayant occupé un logement de fonction ne sont pas dans la même situation. «Il y a ceux qui ont bénéficié d'aides et qui squattent des logements de fonction ou d'astreinte. D'autres n'ont même pas pu faire des démarches après la décision de cession des logements de fonction engagée à la fin des années 1980, ils ont préféré laisser leur tutelle engager les opérations. Il y en a d'autres encore qui attendent l'aboutissement de leurs dossiers AADL», énumère un retraité, qui refuse de donner le nom de son lycée pour «éviter les représailles». Quelque 1719 logements de fonction dans le secteur de l'éducation seraient occupés illégalement. «Nous avons recensé 1719 logements d'astreinte illégalement occupés dans le secteur à Alger. Une opération nous a permis de récupérer 70 logements jusqu'ici et celle-ci se poursuivra jusqu'à l'assainissement total de cette situation», a déclaré le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, lors d'une intervention à la première session annuelle de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW). Le wali, qui a instruit ses trois directeurs de l'éducation, a asséné : «Il y a des gens qui ont bénéficié de logements qu'ils ont loués à des tiers tout en continuant, eux, de squatter les logements d'astreinte. En parallèle, nous avons des enseignants en activité qui font des navettes quotidiennes entre Alger, Tipasa, Boumerdès et Blida. Cette situation inacceptable doit cesser.» Les retraités interpellent la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit. «Madame la ministre, n'aviez vous pas assuré d'étudier les dossiers au cas par cas et que ceux qui n'ont rien ne seront pas à la rue ? Ne sommes-nous pas des citoyens algériens ? Parce que retraités, nous sommes devenus des déchets tout juste bons à jeter à la rue après des années de bons et loyaux services», écrivent des retraités dans une lettre adressée à la ministre de tutelle pour contester une opération d'expulsion menée manu militari par voie de justice en plein Ramadhan. Argument massue des retraités qui ont engagé des avocats : le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, n'est pas habilité à poursuivre en justice les occupants des logements de fonction : «La circulaire de 2001 du ministère de l'Education nationale, signifiée en 2006 aux directions de l'éducation ouest, centre et est d'Alger, mentionne qu'il relève de la direction des finances et des moyens de l'Education nationale de s'occuper de ces logements de fonction après avoir constaté de multiples dépassements les concernant.» «En outre, l'article 111 du code de la wilaya stipule que le wali ne peut interférer dans le domaine de l'éducation. Cet article indique que le wali anime, coordonne et contrôle l'activité des services déconcentrés de l'Etat chargés des différents secteurs dans la wilaya, à l'exclusion, entre autres, de l'action pédagogique et de la réglementation, dans le domaine de l'éducation», précise la défense des protestataires. Il n'a pas été possible, avant-hier, d'obtenir la version des autorités de la wilaya ni celle des services des trois directions de l'éducation d'Alger.