Voir un film au cinéma était une habitude parfaitement ancrée dans les mœurs à Jijel. Ce n'est plus le cas de nos jours. Le septième art est pour beaucoup de jeunes et moins jeunes un illustre inconnu. Le succès du cinéma, ce n'est plus l'apanage de cette jeunesse, plutôt branchée foot, Barça et Real. Signe des temps, les salles de cinéma à Jijel, tout comme à Taher et El Milia, délabrées, abandonnées et fermées faute d'une moindre activité, ne sont plus que l'ombre d'une certaine époque. «Il fut un temps», soupirent, aujourd'hui, les nostalgiques de cette belle époque, où l'on se bousculait pour voir le film à l'affiche. Les grands succès du cinéma sont pourtant passés par là. Par ces salles qu'on ferme aujourd'hui, qu'on livre au pillage et à l'abandon. Triste époque, serions nous tentés de dire. Pour les nostalgiques, le cinéma, c'était au mois un film par jour. «Les week-ends, on avait droit à deux séances de projection, l'une dans l'après-midi et l'autre dans la soirée», se souviennent certains. Et que s'est il passé depuis ? «C'est comme un peu partout en Algérie, le cinéma, ce n'est plus la priorité du secteur culturel», déplore-t-on. Il n'y a plus de projections, ni à Jijel, où l'on comptait deux salles de cinéma, ni à Taher ou El Milia, où il y avait une activité cinématographique jusqu'à la fin des années 1980. Plus de film. Plus rien. Même l'immense et belle salle de la maison de la culture Omar Oussedik de Jijel ne dispose pas de matériels de projection cinématographique. Dans un contexte où la culture n'est plus que l'affaire de quelques initiés, le cinéma n'a plus de place. «Le cinéma, c'est du passé, ce n'est pas dans notre wilaya qu'il va être réincarné», assène-t-on avec dépit.