L'été 2015 à Constantine est-il plus animé à la faveur de Capitale de la culturearabe ? Selon l'ONCI, principal animateur de l'évènement, la réponse est OUI, comme l'a déclaré lundi le responsable de communication, Samir Meftah, à notre confrère El Khabar. Comment prendre au sérieux cette affirmation sachant que l'office de Lakhdar Bentorki fait le bilan de l'action culturelle comme on fait celui du couffin du Ramadhan, c'est-à-dire au kilogramme. Loin des bureaux d'Alger, la situation est appréciée différemment. En effet, la manifestation a consommé déjà le tiers du temps qui lui est imparti sans donner les signes de rayonnement escomptés par le gouvernement qui lui a consacré un budget conséquent." Hormis les feux d'artifice et les étincelles de l'ouverture officielle, à quoi s'ajoute le concert hommage à Warda, qui a d'ailleurs suscité la colère chez la population, rien ne dit le contraire.Depuis le début de l'été, l'activité culturelle est pratiquement au point mort si ce n'est des soirées musicales qui n'apportent rien de plus que les années précédentes et qui en outre n'attirent pas le public de par la faiblesse du menu. Sofia Menghour, journaliste au bureau régional d'El Khabar, basée à Constantine, est de cet avis. Interrogée par El Watan, elle estime que «l'activité de Constantine, capitale de la culture arabe n'est pas visible. Le citoyen constantinois voit l'événement se limiter aux concerts d'ouverture et celui tenu en hommage à Warda, qu'il a d'ailleurs vu à la télé. On peut dire aussi que l'été 2015 n'a pas été à la hauteur des attentes des Constantinois, si ce n'est les pièces théâtrales présentées par le département Théâtre. Les concerts, à écouter les citoyens, ont été transférés du Théâtre de verdure à la salle Zénith et ne comptent que des chanteurs locaux, Cheb X et Cheb Y, alors qu'on nous a promis au début des poids lourds du show». De l'orgie d'activités que l'ex-ministre de la Culture avait promise, les Constantinois n'ont rien vu encore. Et d'ailleurs, les lieutenants chargés des différents départements de la manifestation se sont éclipsés depuis deux mois. Au siège du comité exécutif de l'événement, c'est déjà le farniente. Aucun programme spécial été n'a été prévu pour donner à la ville le visage qui sied au titre de capitale culturelle, ou du moins combler le vide laissé par le gel de l'office communal qui d'habitude se charge de meubler musicalement les soirées chaudes de l'été constantinois. Seul le théâtre… D'autres, sondés par El Watan, répondent presque avec les mêmes termes à notre question. «En tant que citoyen, je n'ai rien senti de plus cette année. Les Constantinois ne bénéficient ni matériellement, ni spirituellement de cette manifestation qui profite à d'autres», s'indigne Djalel Fakroune, militant politique et membre du «Comité de redressement de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe», créé en juin dernier et distingué par la publication d'un brûlot qui dénonce «la mascarade que vit Constantine» ; le front des «déçus » par la tournure de l'événement ne cesse de s'élargir. Les commentaires s'enchaînent et se déchaînent sur les réseaux sociaux. Le cinéaste Mohamed Hazourli, auteur du célèbre Hiziya, n'a pas caché sa profonde déception sur son mur Facebook, lui qui a été écarté de toutes les activités. Sur ce registre, la page Facebook «Constantine, capitale algéroise de la culture arabe» tient sans doute le haut du podium. La page sert à ses milliers de suiveurs des informations documentés, autoproduits ou «piqués» ailleurs, sur les travers quotidiens de la manifestation. Si le département Musique et animation s'est complètement planté à Constantine, les autres départements n'ont pas fait mieux, à l'image de celui des Expositions qui s'est contenté jusque-là des expositions inaugurales et celui des colloques qui a honoré un seul rendez-vous, celui sur le thème du 8 mai 1945. Il faut cependant rendre justice au département Théâtre dont l'activité est régulière et offre au public local des soirées fort intéressantes. Le Ramadhan a été heureusement sauvé par les commerces qui attirent la foules pendant les soirées fraîches dans les pôles désormais consacrés, à savoir El Khroub, Ali Mendjeli et à un degré moindre la Brèche. Et pour cela, on ne doit rien à l'argent et aux organisateurs de Qassantina 2015. Nous sommes réduits à espérer la fermeture rapide de cette parenthèse de vide estival. Moins de bruit et plus d'activités, ça ira un peu mieux !