Malgré l'importance de l'oral dans l'enseignement des langues, il s'avère qu'on apprend aux élèves à écrire, à lire, mais pas à parler en classe. L'oral n'est pas appréhendé comme objet d'enseignement/apprentissage», a dit le docteur Moussa Abbas, inspecteur de français, lors d'un séminaire de formation qui se tient du 23 au 26 du mois en cours à Boumerdès. La rencontre a regroupé plus d'une cinquantaine d'enseignants venus des quatre coins du pays. Cet événement, organisé par la Coordination nationale des enseignants de français d'Algérie (Cnefa), a pour objectif de «transcender la difficulté de l'apprentissage de l'oral en classe concernant l'enseignement du français dans les trois paliers de l'éducation et sortir avec une nouvelle approche appropriée dans l'enseignement de l'oral», a expliqué Mohand Outahar, coordinateur national de la Cnefa. Beaucoup d'enseignants, ayant pris la parole, ont déploré le peu d'intérêt accordé à l'oral dans les manuels scolaires de français. Ce qui a influé négativement sur le niveau des élèves. Pour Rabah Chichoui, inspecteur et membre de la commission des programmes, le manuel scolaire est loin de refléter tous les aspects du programme. «L'enseignant ne doit pas se restreindre à parcourir le manuel scolaire et négliger l'oral», précise-t-il. Parmi les autres facteurs ayant influé sur le niveau des élèves en français, le Dr Abbas évoque le volet de la planification linguistique. «On est passés d'un système francophone à un système bilingue, puis à un autre complètement arabisé. Ce qui s'est traduit par un changement de la politique linguistique», dit-il. La formation des enseignants de français fait aussi défaut. «Il y a un grand besoin de formation des enseignants de français. Les ENS ont une capacité limitée. Nous avons assisté aussi à des départs en retraite en masse des enseignants. En contrepartie, il y a eu un recrutement qui a été fait auprès des licenciés en traduction, interprétariat et même dans des sections qui ne sont pas francophones. La formation reste le maillon faible du système éducatif», estime l'inspecteur Chichoui. Dans ses perspectives, la Cnefa ne veut pas se limiter dans ses formations au seul cadre de l'enseignement. «Nos enseignants ignorent leurs droits. Parmi nos autres objectifs : leur faire connaître tout l'arsenal juridique régissant le secteur de l'éducation. Nous comptons asseoir aussi un forum des enseignants innovants», conclut le coordinateur national de la Cnefa.