L'Algérien, fils du destin et enfant du probable, ne croit ni aux coïncidences ni à la mayonnaise allégée. Une série d'attaques terroristes dirigées contre des militaires — Aïn Defla puis Batna contre une caserne — le limogeage des patrons de la sécurité présidentielle (DGSPP), de la garde présidentielle et du contre-espionnage (DSI), puis le rattachement de la DGSPP à l'état-major et non plus au DRS. Pour ajouter du flou, une folle rumeur a circulé, à propos d'un putsch ou attentat manqué contre le président Bouteflika dans sa résidence-clinique de Zéralda à la mi-juillet, ou dans la version light, des incidents dans le bois attenant à ce qui est devenu aujourd'hui la Présidence, ce qui a coûté la tête des chefs des gardes du corps suprême. Ce ne sont évidemment que des ondes sonores, l'Algérien aime le bruissement du vent dans les feuilles et les murmures de l'herbe qui pousse à l'ombre. Mais dans ce bois qui cache la forêt, on pourrait ajouter à cette série d'événements, peu courants en plein été, le limogeage de ministres et compliquer encore le tout en rappelant l'étrange motion de soutien de Ouyahia à Sellal, dont le fils d'ailleurs n'est autre que celui qui a épousé la fille du général Bendaoud, celui qui a été limogé de la DSI. Dzayer sghira, comme on dit, Alger est petite, ses dirigeants certainement pas très grands non plus, ce qui explique qu'aucune communication officielle n'est venue éclairer les alentours du bois sacré de Zéralda où se dérouleraient, selon d'autres rumeurs, des rituels sacrificiels dont Benyounès et quelques jeunes vierges auraient fait les frais. La seule chose de certaine est que le président Abdelaziz Bouteflika a changé le patron du contre-espionnage pour mettre le colonel Abdelaziz à la place du général Bendaoud. Dans un bois touffu en pleine ère glaciaire de l'âge de fer des années de plomb, on se sent plus en sécurité entre Abdelaziz.