Deux policiers ont été tués et six autres blessés, hier à Bahreïn, dans un attentat perpétré dans un village à majorité chiite, sur fond de dispute avec l'Iran, accusé de soutenir les opposants à la dynastie sunnite de ce petit royaume du Golfe. L'un des six policiers blessés est dans un état grave, a précisé le ministère de l'Intérieur sur son compte Twitter, ajoutant qu'une enquête avait été ouverte après cet attentat «terroriste». Selon des témoins, les forces de l'ordre ont bouclé le secteur de l'attaque survenue tôt hier dans le village de Sitra, théâtre d'affrontements récurrents entre manifestants chiites et policiers. Le pays connaît depuis des mois des attaques dirigées contre les forces de l'ordre, dont la plus meurtrière avait coûté la vie en mars 2014 à trois policiers, dont un Emirati. L'attentat d'hier s'est produit alors que la tension est vive avec l'Iran, accusé par Manama de soutenir des opposants issus de la majorité chiite qui réclament depuis 2011 des réformes politiques à la dynastie sunnite dirigeant Bahreïn. Ce mouvement s'est traduit par des protestations parfois violentes, qui ont fait au moins de 89 morts selon des ONG. Le chef de l'opposition chiite, cheikh Ali Salmane, a été condamné à la mi-juin à quatre ans de prison pour «incitation à la désobéissance». Sa formation, Al Wefaq, a dénoncé l'attentat dans un communiqué, disant «refuser la violence d'où qu'elle vienne». Samedi, Manama a rappelé son ambassadeur à Téhéran pour protester contre des «déclarations hostiles de dirigeants iraniens», une semaine après un discours du n°1 iranien, Ali Khamenei, affirmant le soutien de son pays aux «peuples opprimés» de certains pays dont Bahreïn. Le ministère de l'Intérieur a annoncé le même jour l'arrestation de deux Bahreïnis, soupçonnés d'avoir tenté d'introduire dans le pays des explosifs et des armes en provenance d'Iran, où l'un d'eux aurait été formé au maniement des armes par les Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime de Téhéran. Le ministère avait indiqué que des explosifs de type C4, huit fusils kalachnikov et différentes munitions avaient été récupérés au fond de la mer lors d'une opération de police. Selon l'agence officielle BNA, les explosifs utilisés dans l'attentat d'hier sont du même type.