Les malades qui transitent par l'unité medico-chirurgicale de l'hôpital Ouled Mohamed de Chlef reviennent souvent dégoûtés et scandalisés par les comportements négatifs et les dysfonctionnements graves qui caractérisent ce service. Il suffit de s'y rendre pour constater de visu que la situation est particulièrement dramatique et nécessite une intervention urgente des pouvoirs publics afin de limiter les dégâts. Il n'y a pas de tri de malades selon la gravité de leur cas. Tous doivent attendre leur tour en faisant la queue devant l'unique bureau de médecins généralistes. Ces derniers sont limités à deux praticiens seulement, qui ont du mal à satisfaire la demande sans cesse croissante. Des patients, souffrant de douleurs atroces ou ayant perdu connaissance, attendent dans le couloir dans l'indifférence générale. Les agents médicaux de garde n'osent même pas les regarder ou s'enquérir de leur état de santé. A croire qu'ils ont perdu leur sens humanitaire, censé être un des points forts de leurs rapports avec les malades. Ceux qui ont la chance d'être admis au service de réanimation ne sont pas pour autant à l'abri de mauvaises surprises, comme nous avons pu le constater dimanche soir. Une femme pour laquelle on avait sollicité l'intervention d'un réanimateur, a dû attendre longtemps, en vain, l'arrivée de ce dernier. « Il se trouvait au niveau du bloc opératoire », nous a-t-on indiqué, ajoutant qu'il est le seul réanimateur de garde. Scanner non opérationnel A noter qu'il existe quatre spécialistes de réanimation au niveau de l'hôpital en question, considéré comme le plus important de la région. Une autre femme souffrant d'une crise d'asthme est restée longtemps abandonnée avant d'être secourue. De tous les services d'imagerie médicale en activité, seule la radiologie ordinaire fonctionne plus ou moins normalement. Le scanner acquis dernièrement par la direction de la Santé n'est pas utilisé de nuit, car, apprend-on, « il n' y a qu'un seul spécialiste pour cet appareil ». Ces cas résument l'état de déliquescence dans lequel se trouve cette unité des premiers soins, qui reçoit les malades du chef-lieu de wilaya et des autres communes de la région, en plus des victimes des accidents de la circulation qui surviennent le long du tronçon de la route nationale Alger-Oran. Des membres du corps médical attribuent ces dysfonctionnements graves à la « pression » que subit cet hôpital en raison de l'afflux considérable de malades, selon leurs dires. « Il n'y a pas suffisamment de praticiens spécialistes et nous sommes mis à rude épreuve, de jour comme de nuit. Les autorités devraient penser à rouvrir les blocs opératoires et les services de chirurgie des hôpitaux de Chettia et de Sobha pour désengorger notre établissement qui ne peut plus faire face à la demande sans cesse croissante », soulignent-ils. Le changement opéré dernièrement à la tête de la direction de l'hôpital Ouled Mohamed n'a pas eu l'effet escompté puisque l'amélioration tant attendue au niveau de la prise en charge des malades demeure le dernier souci des gestionnaires.