Dans une instruction datée du 22 juillet, l'Autorité monétaire instruit les banques et établissements financiers de la place de diviser, encore une fois, par deux leurs plafonds d'engagements extérieurs par signature. La Banque d'Algérie (BA) décide d'intervenir une nouvelle fois afin d'élever d'un cran les pressions sur les importateurs. En effet, et dans une instruction datée du 22 juillet, l'Autorité monétaire instruit les banques et établissements financiers de la place de diviser, encore une fois, par deux leurs plafonds d'engagements extérieurs par signature. La Banque d'Algérie entend ainsi limiter les capacités des banques à domicilier des opérations de commerce extérieur par Credoc, seul outil permettant l'importation de biens et services destinés à la revente en l'état. C'est la seconde fois que l'Autorité monétaire recourt à ce genre de procédé en moins d'une année. Au mois de novembre dernier, elle avait déjà divisé ce plafond par deux, limitant les engagements extérieurs des banques à deux fois leurs fonds propres. Aujourd'hui, ces engagements ne devront en aucun cas dépasser les fonds propres des banques et établissements financiers. La BA veille d'ailleurs au grain et renforce ses contrôles en ce qui concerne les opérations de commerce extérieur. Les acteurs du marché bancaire devront lui transmettre un état mensuel des transactions et transferts effectués. Si en novembre dernier l'Autorité monétaire s'était défendue de toute intention d'interférence en ce qui concerne les opérations de commerce extérieur, mettant les mesures en question sur une volonté de renforcer la solvabilité des banques conformément aux règles édictées par Bâle III, l'objectif réel poursuivi par ces mesures devient clair. Il s'agit en fait d'une nouvelle tentative de juguler le flux d'importation par un procédé purement administratif. Il est vrai qu'il y a quelques mois des responsables de la Banque d'Algérie déclaraient que toute tentative de limitation des importations par des procédés administratifs serait vaine. Cependant, et à mesure que la crise s'installe, les autorités semblent plus que jamais acculées. Sur le plan budgétaire, la dépréciation du dinar permet de contenir quelque peu l'effet de la baisse de la fiscalité pétrolière. Cependant, et du côté de la position extérieure nette, on a plus de mal à circonscrire l'effet de la contraction des recettes pétrolières sur la balance des paiements et sur les réserves de change cumulées durant les quinze dernières années. Ainsi, et si les recettes ont été divisées par deux, les importations de biens et services n'ont baissé que de 10% durant le premier semestre de 2015 et les réserves de change ont fondu de plus de 19 milliards de dollars en trois mois. Face à l'urgence, les pouvoirs publics qui peinent encore à trouver de vraies solutions à des problèmes structurels multiplient les mesurettes destinées à limiter les dégâts. Entre licences d'importation, renforcement des contrôles aux frontières et au sein des ports commerciaux, la nouvelle instruction de la BA, destinée à restreindre en amont les capacités d'importation des opérateurs, semble aujourd'hui la dernière planche de salut. Aussi, la démarche de la BA procède de la volonté de celle-ci de réorienter les ressources des banques vers le financement de l'activité économique interne. Les dépôts dans les banques commencent à se contracter et la ressource devient précieuse, au point que la Banque d'Algérie vient de rouvrir ses canaux de refinancement et de réescompte des actifs des banques et établissements financiers. Ce propos, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a été clair. Au cours d'une rencontre tenue, il y a quelques mois, avec les PDG des banques et établissements financiers, M. Laksaci a invité ces derniers à revoir leurs ratios de financement en faveur des PME et des investisseurs. Il a d'ailleurs rappelé, à ce sujet, que si la Banque d'Algérie reprend son rôle d'emprunteur en dernier recours, il n'était, en revanche, pas question que cela profite aux effets issus des activités des importateurs, ces derniers n'étant éligibles au réescompte.