Le gouverneur de la Banque d'Algérie a estimé que la contraction globale des réserves de changes devrait se traduire par un amenuisement soutenu de la liquidité bancaire, de sorte que les banques de la place pourraient recourir en 2015 au refinancement auprès de la Banque d'Algérie, pour soutenir la dynamique des crédits à l'investissement et à la production. Les réserves de changes de l'Algérie ont baissé de près de 8 milliards en trois mois. C'est du moins ce qui ressort des chiffres présentés, jeudi par le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, lors d'une réunion avec les P-dg des banques et des établissements financiers activant en Algérie. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a annoncé que les réserves de changes ont reculé pour atteindre 185,273 milliards de dollars fin septembre 2014, contre 193,269 milliards de dollars à fin juin de la même année. L'encours des réserves de changes (or non compris) a progressé à 194,961 milliards de dollars à fin mars 2014, pour ensuite se contracter au 2e trimestre 2014. Cependant, selon le gouverneur, malgré cette tendance défavorable, le niveau des réserves de changes reste adéquat pour permettre à l'Algérie de faire face à une persistance du choc sur la balance des paiements extérieurs d'autant que l'encours historiquement bas de la dette extérieure (3,719 milliards de dollars à fin juin 2014 contre 3,396 milliards de dollars à fin décembre 2013) concourt à la position financière extérieure nette. Il a également fait savoir, rapporte l'APS, que "le très faible endettement en devises des entreprises du secteur des hydrocarbures et des banques de la place contribuera à limiter les conséquences financières du choc externe". M. Laksaci a estimé que la contraction globale des réserves de changes devrait se traduire, par un amenuisement soutenu de la liquidité bancaire, de sorte que les banques de la place pourraient recourir en 2015 au refinancement auprès de la Banque d'Algérie, pour soutenir la dynamique des crédits à l'investissement et à la production. "Dans cette perspective, la Banque d'Algérie utilisera les instruments d'injections de liquidités dont elle dispose, entre autres le réescompte... à côté des politiques monétaires dédiées à la résorption de l'excès de liquidités sur le marché monétaire. Cela devrait réactiver le rôle des taux d'intérêt dans la conduite de la politique monétaire", a affirmé M. Laksaci.
Les banques responsabilisées Dans ce contexte, le gouverneur de la Banque d'Algérie a appelé les banques à respecter strictement leurs obligations pour les opérations de commerce extérieur et de change, afin de maintenir la stabilité financière de l'Algérie. "Vu l'acuité probable du choc externe en 2015, il est attendu des banques le strict respect de leurs obligations, en tant qu'intermédiaires agréés, au titre des opérations de commerce extérieur et de change, dans le cadre de la convertibilité courante du dinar", a déclaré M. Laksaci, avertissant qu'au moyen du renforcement du contrôle des changes sur pièces et sur place, la Banque d'Algérie veillera au respect par les banques du nouveau ratio engagements par signature rapportés aux fonds propres, a-t-il avisé. M. Laksaci rappelle l'instruction n°03-14 du 23 novembre, fixant le niveau des engagements extérieurs des banques et des établissements financiers au titre des opérations d'importation. L'instruction est prise conformément aux dispositions du règlement n°14-01 du 16 février 2014 portant coefficients de solvabilité applicables aux banques et aux établissements financiers et du règlement n°14-02 du 16 février 2014 relatif aux grands risques et aux participations. Dans son article 2, l'instruction précise qu'"à compter du 1er décembre 2014, le niveau des engagements extérieurs par signature des banques et établissements financiers ne doit, à aucun moment, dépasser deux fois leurs fonds propres réglementaires tels que définis par la réglementation prudentielle en vigueur". La Banque d'Algérie a réduit de moitié les plafonds des engagements extérieurs par signature des banques et des établissements financiers au titre des opérations d'importation. M. Laksaci a précisé que la mesure visait "à contenir les risques liés à l'implication des banques dans le financement des importations dès 2015, afin de contribuer à préserver un niveau approprié de stabilité financière en Algérie face à un environnement économique mondial porteur de risques à la hausse". Le gouverneur a annoncé que les services de la Banque d'Algérie s'attacheraient, au cours de l'année en cours, à "accentuer la cadence des missions de contrôle" sur place auprès des banques et intermédiaires agréés, dédiées à "la vérification des dossiers de domiciliation des transactions courantes avec l'étranger". Un accent particulier sera mis sur "les activités et les opérations d'importation à risque", c'est-à-dire celles réalisées à partir de certains pays dont le système fiscal, douanier et antiblanchiment sont notoirement réputés pour leur laxisme et tolérance. Plus encore, la Banque d'Algérie procédera à une évaluation approfondie des dispositifs de contrôle interne des banques et intermédiaires agréés en vue de s'assurer de la conformité de leurs procédures internes en matière de traitement des opérations aux prescriptions réglementaires en vigueur, de la mise en place d'un cadre organisationnel adapté et de la disponibilité des moyens humains et matériels leur permettant d'assurer, dans les meilleures conditions, la réalisation des opérations.
Le prix moyen du baril de pétrole avait été de 106,65 dollars sur les 3 premiers trimestres de l'année 2014 Exposant les tendances monétaires et financières, M. Laksaci a relevé que l'Algérie, à l'instar des autres pays exportateurs de pétrole, subit le choc que connaissent les prix du baril à travers ses effets sur la balance des paiements et les finances publiques. Les pays exportateurs de pétrole, a-t-il déclaré, devraient enregistrer une détérioration des soldes des comptes courants de leur balance de paiement ainsi qu'une contraction de leur marge de manœuvre budgétaire, alors que les prix d'équilibre budgétaire sont souvent élevés. "Toutefois, l'impact du choc sur la balance des paiements et les finances publiques de l'Algérie a été atténué au 3e trimestre 2014, rappelant que le prix moyen du baril de pétrole avait été de 106,65 dollars sur les 3 premiers trimestres de la même année", soutient le gouverneur de la Banque d'Algérie. M.R.