La Banque d'Algérie vient de rouvrir les canaux de refinancement du secteur bancaire. Le règlement relatif aux opérations de réescompte d'effets bancaires et d'avances et crédits aux banques et établissements financiers vient comme annoncé par le gouverneur de la Banque d'Algérie et publié au Journal officiel, consacrant ainsi le retour de l'autorité monétaire comme prêteur en dernier recours sur le marché interbancaire. En effet, bien que la place bancaire demeure en surliquidités, les ressources ont tendance à se contracter. Une situation qui pourrait devenir problématique, d'autant que les banques de la place sont appelées, dans la conjoncture actuelle, marquée par une forte diminution des ressources de l'Etat, à financer les projets d'investissement publics. Le texte publié par l'autorité monétaire définit ainsi les effets éligibles au réescompte et les conditions d'attribution d'avances et de crédits aux banques et établissements financiers. Il faut retenir dans ce sens que le refinancement de la Banque d'Algérie ne peut concerner que les effets libellés en dinars. Le règlement de la Banque d'Algérie précise également que le refinancement peut concerner, dans certaines conditions, des effets publics émis ou garantis par l'Etat, à l'image des bons du Trésor à court et moyen termes ainsi que des effets privés correspondant à des opérations commerciales sur l'Algérie ou sur l'étranger, répondant à diverses conditions, notamment en matière de garanties, et cotés favorablement par la Banque d'Algérie. Le règlement de la Banque d'Algérie fixe également les plafonds de son refinancement selon la qualité des effets à réescompter à 70% pour les opérations commerciales et à 50% pour les autres opérations. Le texte édicte également les conditions d'attribution aux banques d'avances sur les effets réescomptables. De même qu'il précise que le taux de réescompte des effets publics et privés, plus communément appelé taux d'intérêt directeur, est fixé par une instruction de la Banque d'Algérie. Il faut noter que ce taux n'a pas bougé depuis plusieurs années. Le fait est que depuis plus d'une décennie, le marché bancaire est caractérisé par une surliquidité chronique, induite par l'importance des dépôts du secteur (des) hydrocarbures, fermant de fait les canaux de réescompte et de refinancement par la Banque centrale. Celle-ci s'est attelée durant toute cette période à mener une politique de reprise de liquidités afin de limiter l'inflation. La tendance s'inverse aujourd'hui. Selon la note de conjoncture pour le premier trimestre 2015, l'autorité monétaire note une «forte contraction de la liquidité bancaire» à plus de 540 milliards de dinars, due à la baisse des dépôts aussi bien des secteurs hors hydrocarbures que ceux de Sonatrach. Et vu le retournement du marché pétrolier, la tendance à la baisse des liquidités bancaires risque de se poursuivre. A contrario, les banques sont plus que jamais sollicitées pour le financement de l'économie nationale avec une progression de plus de 4% des crédits à l'économie. Un rythme que la Banque d'Algérie considère commwe «non soutenable sans recours des banques au refinancement». Il n'en demeure pas moins que la Banque centrale demeurera prêteuse en dernier recours sur le marché interbancaire, les banques devant entreprendre plus d'efforts afin de mobiliser l'épargne et aspirer la formidable manne circulant dans les circuits informels.