L'idée d'une baisse prolongée des cours du brut commence à être intégrée en haut lieu. L'optimisme des derniers mois laisse, peu à peu, place à une «volonté» affichée de remédier aux grands maux qui gangrènent l'économie algérienne. L'on assiste, depuis, à la réédition de règlements et de mesures, laissant penser à une forme de précipitation. Ainsi, à défaut d'une démarche ou d'une vision, ce sont quelques mesurettes qui risquent de faire office de «plan anti-crise». Après le chapelet de textes publiés par la Banque d'Algérie pour resserrer la vis sur les transactions du commerce extérieur, qui ne sont en fait que le prélude à la multiplication des contrôles des opérations de change au niveau des banques de la place, l'on s'achemine vers les tentatives de réabsorber toute la masse monétaire qui échappe aux circuits formels, et qui semble susciter aujourd'hui l'intérêt du gouvernement. Si le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a évoqué les 40 milliards de dollars qui échappent à toute forme de contrôle et qui ne seraient nullement superflus au budget de l'Etat en ces temps de disette, ce dernier semble déjà engagé dans une opération séduction destinée à capter ces ressources longtemps ignorées. La Banque d'Algérie, vu que c'est l'une des seules institutions encore capables de donner le change, est mise en branle. Elle a instruit les institutions monétaires pour un retour au métier de base de la banque, celui de la mobilisation de l'épargne à moyen et long termes, le tout sans toucher au coût de la location de l'argent au niveau actuel, maintenu à un palier assez bas à dessein. Autrement dit, les banques devront absorber la masse monétaire échappant à leur contrôle pour la reverser dans le circuit économique, sans pour autant augmenter leur taux d'intérêt. La Banque d'Algérie prépare aussi les dispositions relatives à l'application du décret portant obligation du chèque pour les transactions financières dépassant le million de dinars, et ce, dès le 1er juillet prochain. Un projet d'ailleurs exhumé à maintes reprises, mais repoussé sine die sous la pression des lobbies de l'informel, mais aussi pour des raisons structurelles liées à un défaut d'implémentation de ce genre de pratiques au sein même des institutions de la République. Il ne serait pas non plus étonnant de voir les services fiscaux mis en branle et embarqués dans une chasse aux sorcières à l'effet de débusquer les fraudeurs. Encore faut-il doter les services du fisc de moyens nécessaires pour élargir leur assiette, auquel cas, toute opération «coup-de-poing» se limitera à un énième contrôle des contribuables déjà déclarés, histoire de faire bonne figure. L'on se surprend aussi à écouter les propos du directeur de la Casnos, qui vante les vertus du système de cotisation sociale et qui devra lui aussi, tout comme son homologue de la CNAS, trouver de nouvelles ressources pour les caisses d'assurance sociale. Reste cette loi de finances complémentaire pour 2015, devenue une évidence, mais dont nul ne connaît le contenu. Si elle vise aussi à introduire quelques mesurettes pour endiguer l'afflux des importations, sans forcément y parvenir, l'on se souvient d'ailleurs de l'expérience LFC-2009, le gouvernement reste peu loquace sur ce qui sera sacrifié sur l'autel de la rationalisation des dépenses. Peu enclin à provoquer la colère populaire, le gouvernement ne se risquera certainement pas à toucher aux subventions, malgré les appels pressants des institutions financières internationales. Le fait que le ministre de la Santé soit revenu sur une hypothétique fin de la médecine gratuite pour l'écarter une fois pour toutes en est la parfaite illustration.