A moins d'un miracle, le Ramadhan de cette année ressemblera fort probablement, et à s'y méprendre, à ceux qu'Alger connaît depuis des lustres. Rien ou peu ne nous changera et nous déviera des chemins de la « foire ». La foire de toujours sera encore au rendez-vous, faite cette année et comme tout le monde sait, d'anarchie endémique, de pratiques frauduleuses, officiellement « admises » et tolérées, de prix forts, « économiquement » en phase, de tricheries, d'embouteillages. Quand bien même « l'ordonnateur » de ce jeûne l'ait voulu à d'autres desseins, plus « aériens », le mois sacré est devenu pour beaucoup : « Le mois saint des affaires ». La consommation ménagère atteignant des pics record, les « racés » du commerce et les circonstanciels s'accordent, dans l'exercice public de la tromperie du consommateur sur : la qualité, la quantité et le prix du produit vendu. Koul masnoue, mebioue (tout ce qui a l'air d'un produit, peut être commercialisé) est l'adage qui ne se laissera pas, pour la conjoncture, contrarié. Pas même par le gouvernement qui, depuis mercredi dernier, lors de son Conseil hebdomadaire, s'essaie à la gestuelle de l'Hercule de la foire. Une série de mesures avait été arrêtée, séance tenante, ce jour-là afin d'« intensifier », comme l'annonçait le communiqué du gouvernement, l'activité des services de la régulation du commerce, le respect des règles d'hygiène et de protection des consommateurs, le contrôle des pratiques commerciales et les sanctions applicables, et surprise de l'année : l'interdiction « formelle » des reconversions conjoncturelles des commerces. L'exercice s'annonce pour le moins difficile, si ce n'est pas impossible, surtout lorsque l'on sait que cette dernière pratique, « phénoménale » à plus d'un titre, est assez ancrée dans les « mœurs ». Mais ne soyons pas des rabat-joie et attendons plutôt pour voir, car ne dit-on pas qu'il faudrait filer le menteur jusqu'au seuil de sa porte ? Ce que par contre ne disent pas ces mesures, qui demeurent et dans le fond et dans la forme « superficielles et timides », est comment le gouvernement compte s'y prendre pour appliquer son programme d'encadrement et de contrôle du marché ? Sachant d'abord qu'Alger ne dispose que de 157 agents de contrôles (relevant de DCP) pour 130 000 commerçants déclarés et sachant aussi toute la place du commerce informel qui revient de « droit » à la capitale, où l'économie parallèle est « trop importante » pour tomber sous le coup des « réformettes » lesquelles, d'ailleurs, n'aboutissent même pas.