Il fait trop chaud ces jours-ci à Médéa. On suffoque de jour comme de nuit. Le thermomètre s'affole, il a atteint des pics de plus de 45°, ce qui n'incite guère les gens à vadrouiller dehors à partir de 10h du matin. La ville de Médéa se vide de ses habitants qui sont contraints de se terrer chez eux tout en se barricadant derrière leurs volets de peur des rayons d'un soleil de plomb. Car la cité n'offre à ses résidents, surtout ceux manquant de moyens de locomotion, aucun espace de loisir où de distraction pour s'évader de la torride canicule. Pourtant, Médéa possède de merveilleux sites forestiers ceinturant l'agglomération, à l'exemple de Tibhirine ou le lac de Tamezguida, mais qui sont délaissés en friche et enclavés. Les autorités locales ne se soucient point de la santé de leurs administrés en cette période caniculaire, contrairement à ce que l'on constate sous d'autres cieux où on s'inquiète énormément en installant à chaque coin de rue des jets d'eau pour désaltérer et rafraîchir les passants. Heureusement qu'à Médéa de généreuses gens ont pensé à placer des fontaines devant chez elles... L'ex-capitale du Titteri, qui ressemble à un gros village anarchique dépassé par les temps modernes, est écrasée par l'ennui, la monotonie et la disette culturelle qui acculent ainsi sa jeunesse à raser forcément les murs des immeubles HLM en s'adonnant à des jeux dangereux. D'autres, plus malins, moins surveillés par leurs parents, font la fugue à leurs risques et périls soit à pied où en motocyclette à la recherche de la fraîcheur au niveau des gorges de La Chiffa, distantes d'une dizaine de kilomètres de leur ville pour barboter sous l'eau des cascades. Car le chef-lieu de wilaya ne compte qu'une seule piscine dont les capacités sont largement dépassées par la densité de sa population juvénile et une autre dont la réalisation accuse un grand retard. Par ailleurs, cette chaleur a paralysé aussi de nombreuses activités économiques et commerciales. Les administrations sont moins fréquentées ces jours-ci car de nombreux fonctionnaires sont partis en congé annuel, laissant les bureaux vides, fermés à double tour. La frange de la population qui souffre le plus de l'ennui mortel est incontestablement celle des femmes au foyer qui sont cloîtrées 24h/24h chez elles et confinées à de pénibles travaux domestiques. Elles ne songent même pas un instant à se prélasser où à s'évader de cette routine infernale par l'absence totale d'une initiative à leur profit. L'unique maison de la Culture existante et datant des années 70', qui organise de temps à autre des soirées musicales et théâtrales, reste insuffisante car ses capacités d'accueil sont en deçà de l'afflux considérable pour contenir uniquement les jeunes du quartier. Les structures d'accueil pour ce genre de divertissements font grandement défaut à Médéa.