Les longues journées du mois d'août, très ensoleillées, sont éprouvantes pour les jeûneurs, surtout pour les moins aguerris, en particulier les jeunes qui sont acculés par le vide et l'oisiveté. La jeunesse en vacances scolaires est la frange de la population qui souffre le plus de l'ennui mortel par l'absence criante d'espaces de loisirs et de distractions, tels que les piscines, les forêts attractives… Pourtant, à Médéa, les sites de forêts appropriés non aménagés existent à Tibhirine et ses environs. C'est une rude épreuve en ce mois de grande canicule où le mercure oscille parfois entre 40° et 44°c de se cloîtrer entre quatre murs chez soi en désertant les grands espaces de la ville. A cause de cette fournaise, les gens à Médéa ont aménagé les horaires de leurs activités en évitant de mettre le nez dehors pendant les heures où le soleil «frappe fort» pour préserver leurs forces, sauf les travailleurs en service commandé au sein des organismes publics et des administrations où leur présence est obligatoire durant les horaires fixés par l'employeur. La vie dans la capitale du Titteri ne reprend son cours normal qu'à partir de 18h où les marchands de «zlabia», de «kalbellouz» et de «cherbet» commencent à accueillir les premières vagues de clients. D'autres s'agglutinent, jerricans en main, devant les fontaines publiques pour faire le plein d'une eau douce et glacée des sources très réputées de Talaïche, Aïn El Araïs, Tibhirine ou encore à Takbou chez Charai… Les plus privilégiés qui possèdent des moyens de transport font une trotte de 15 km au niveau des gorges de la Chiffa, profitant de la fraîcheur des cascades de l'Atlas blidéen et de la beauté paradisiaque du paysage peuplé de singes Magot et d'espèces volatiles. Shopping C'est un passe-temps touristique agréable. Heureusement que la fraîcheur et les veillées ramadhanesques sont là pour récompenser la disette du jour. La ville s'illumine, la vie reprend son cours jusqu'à l'aube, les corps humains récupèrent vite l'énergie dépensée après un f'tour composé essentiellement de boissons gazeuses et de jus. Dès les premières heures de la rupture du jeûne, une féroce concurrence s'engage entre les transporteurs de bus, et les navettes se multiplient pour récupérer vite les pertes sèches du jour. Tout le cap des chargements à partir des quartiers périphériques est destiné particulièrement au centre-ville à la station Tahtouh. Il est à remarquer que la plupart des usagers sont des femmes qui vaquent de nuit en famille d'une vitrine à l'autre et d'un bazar à l'autre dans un souci majeur d'acheter des effets vestimentaires au goût de leurs chérubins trop exigeants en prévision de la fête de l'Aïd El Fitr et la rentrée scolaire, une autre saignée pour les budgets familiaux modestes. L'animation nocturne de la ville ne se limite pas uniquement aux espaces commerciaux de Aïn El Mordj, mais aussi au niveau des terrasses des kiosques du boulevard Sud et la route d'Alger où des vagues de jeunes, des couples et des familles s'attablent pour déguster en plein air des glaces ou des boissons rafraîchissantes jusqu'à une heure tardive. Au même moment, d'autres jeunes préfèrent profiter des soirées musicales et théâtrales programmées à la maison de la culture Hassan El Hassani de Médéa. Une autre épreuve dure et morose sous un soleil de plomb attend le lendemain ces foules de jeûneurs, qui se souviendront à jamais des endurances d'une canicule écrasante du mois de Ramadhan 2011, un mois qui tire déjà à sa fin.