Il y a un an, le 9 août 2014, s'est éteint le moudjahid Mohamed-Salah Benabdesslam. Pout tous ceux qui l'on connu et côtoyé, il était un vrai militant et homme de valeurs, modeste et discret, qui a accompli son devoir dans le maquis, sans s'attendre à une quelconque reconnaissance. Il est parti en silence, sans faire de bruit. Né le 13 janvier 1936 dans le quartier populaire de Sidi Djeliss, dans la vieille ville de Constantine, Mohamed-Salah Benabdesslam a fréquenté l'école française dans le primaire et le moyen. Parallèlement, il suivait les cours de l'établissement de l'association des Uléma musulmans, ouvert dans le quartier d'Arbaine Cherif, où il apprendra la langue arabe et les fondements de la religion musulmane. Très dynamique, ayant le sens du patriotisme dès son jeune âge, il rejoindra les rangs du FLN en 1955 alors qu'il n'avait que 19 ans. Au début de son engagement, les responsables de la cellule du FLN à Constantine le chargeront de la collecte des armes et des munitions. Il accomplira ainsi plusieurs missions vers la ferme Lemghayeche, dans l'ex-région de Bizot, actuelle Didouche Mourad, et qui fut l'un des centres de l'ALN dans la zone II, devenue la wilaya II historique après le congrès de la Soummam. Son dévouement le fera recruter parmi les membres des groupes de choc auxquels furent confiés plusieurs attentats dans la ville de Constantine. «C'est le type d'hommes dont on a besoin contre les forces françaises à Constantine ; il est fonceur, courageux, habile et ne craint pas la mort», disait de lui Messaoud Boudjeriou, commandant de la zone 5 de la wilaya II historique, selon les témoignages de ses proches. Dans toutes les opérations qu'il a menées, il réussit toujours à s'échapper. C'est suite à l'un de ses attentats accompli à la place de Rahbet Essouf en 1956 que les services de la police parviendront à l'identifier. Si Salah sera poursuivi par les services de police. Il sera condamné une première fois le 15 mai 1959 par le tribunal permanent des forces armées de Constantine à 20 ans de travaux forcés par contumace. Le même tribunal prononcera à son encontre la peine de mort par contumace le 12 novembre 1959 et le 7 mars 1960, avec la saisie de tous ses biens. Sa famille sera obligée de changer plusieurs fois de domicile, après les pressions et les perquisitions effectuées quasi quotidiennement à la maison parentale située à l'ex-cité Faubourg Lamy (actuelle Emir Abdelkader). Si Salah sera ainsi contraint de quitter Constantine pour rejoindre le maquis de la wilaya II. Sous le commandement de Si Messaoud Boudjeriou, il prendra part à plusieurs opérations dans la forêt de Chettaba, la région d'El Ghorab, mais aussi en ville où il a pris part à plusieurs attentats en 1957. La même année, il était à la bataille de Oued Seguen, dans la région de Oued Athmenia, puis à la bataille d'El Mayeda dans la région d'El Milia, et la bataille de Chekayel dans la région de Collo. En traversant la ligne Challe lors d'une mission vers la Tunisie, Si Salah sera un témoin des massacres du petit village frontalier de Sakiet Sidi Youcef, bombardé par l'aviation française, un jour de marché. En Tunisie, et après avoir reçu une instruction militaire de haut niveau, il sera chargé de la responsabilité d'une fabrique d'explosifs destinés à l'armée de libération, installée dans une villa à Tunis. Après l'indépendance, Si Salah déclinera plusieurs postes de responsabilité pour se consacrer à sa famille et à son travail au sein du secteur des textiles entre 1966 et 1967, avant d'opter en 1969 pour la Sonacome jusqu'à son départ à la retraite en 1988. L'une des images qu'on garde de lui est celle illustrée par cette photo (ci-contre) prise par un photographe égyptien près de la frontière tunisienne. Une photo très célèbre publiée dans les manuels scolaires, et affichée dans tous les coins du pays. On y voit un groupe de moudjahidine en kachabia, portant des mitraillettes. En premier, sur la rangée de droite, figure le célèbre Daoudi Slimane, plus connu par Hamlaoui. Juste à gauche se tient debout Mohamed-Salah Benabdesslam.