Le projet du nouveau découpage administratif, tant attendu par les habitants de certaines régions ayant souffert durant de longues années du problème de leur éloignement du chef-lieu de wilaya, du banditisme et de l'insécurité, sera soumis bientôt au conseil de gouvernement. Ce texte de loi prévoit en premier lieu la promotion des grandes daïras en wilayas déléguées avant de les élever par la suite au rang de nouvelles wilayas. Ce nouveau découpage administratif, qui intervient après celui effectué en 1984, est défini par quatre critères arrêtés après des études approfondies de la question. Cette nouvelle donne a été annoncée jeudi par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni, lors de la séance plénière de l'APN consacrée aux questions orales. M. Zerhouni a admis qu'il était effectivement anormal qu'une wilaya renferme plus de 60 communes alors que la norme exige seulement 25. Il était, de son avis également, inacceptable qu'une daïra soit distante du chef-lieu de wilaya de plus de 700 km. A ce sujet, l'orateur a soutenu qu'il faut inévitablement réfléchir au renforcement de l'encadrement. Un encadrement qui de tout temps était une barrière. En effet, nul n'ignore, selon une source proche du département de M. Zerhouni, que sans un meilleur encadrement local que celui qui a prévalu jusque-là, il est très difficile d'arriver aux objectifs poursuivis par le biais du plan de soutien à la relance économique, des plans sectoriels ou des plans communaux de développement. A ce titre, il y a lieu de noter que sur les 1541 communes que compte le pays, peu d'entre elles répondent aux normes d'encadrement exigées par les textes en vigueur. Pourtant, le code communal consacre que « la commune est la cellule de base de l'Etat... chez nous ». Le ministre n'a donné, lors de son intervention, aucune précision sur les daïras qui seront promues au rang de wilayas déléguées, il a juste précisé que les métropoles comme Alger, Oran et Constantine seront incontestablement touchées par ce découpage. Dans ce sillage, le ministre de l'Intérieur a pris le soin d'énumérer les principaux éléments de base sur lesquels ils se sont appuyés pour l'élaboration de ce nouveau texte de loi. Le premier critère prend justement en considération le nombre de communes. Le ministre n'a pas abordé dans le détail le contenu de ce chapitre, mais a, par contre, fait état de la situation négative qui prévaut actuellement, tout en précisant que certaines wilayas gèrent plus de 60 communes, à l'instar de Tizi Ouzou et de Médéa qui regroupent au total 64 communes ou bien Béjaïa avec plus de 60. « Ceci est un véritable problème. Une wilaya doit avoir à sa charge 24 ou 25 communes alors qu'en Algérie, certaines wilayas dépassent de très loin cette norme. Aujourd'hui, notre mission est loin d'être facile quels que soient la bonne volonté et les efforts déployés par le gouvernement », a soutenu M. Zerhouni, qui indiquera que plusieurs wilayas manquent d'une multitude de services que nous devons mettre au préalable en place afin de pouvoir prendre en charge les doléances et les préoccupations de la population. L'invité de l'Assemblée a avoué, en outre, que la question de l'éloignement du chef-lieu de wilaya constitue l'autre élément handicapant pour les populations. Dans ce contexte, il citera des exemples, comme la daïra d'In Salah, distante du chef-lieu de wilaya de près de 700 km. Rappelons que les députés ont de tout temps posé ce problème qui a même été à l'origine de la grogne et de la colère des populations qui étaient en quête d'un interlocuteur pour le règlement de ce problème. « Trouvez-vous logique qu'un citoyen démuni fasse plusieurs fois par année ce trajet pour seulement un document administratif ? Sans omettre en plus de cela les problèmes bureaucratiques... C'est aberrant », lancera un député. L'autre point important porte sur la densité de la population concentrée dans certaines daïras. M. Zerhouni a expliqué que le nombre d'habitants dans les daïras ne doit pas normalement dépasser la fourchette des 400 000 et 500 000 habitants, alors que chez nous, la plupart des daïras comptent plus d'un million d'habitants. La résolution de cette problématique doit passer, entre autres, par un meilleur encadrement. Pour le dernier point, le ministre a fait référence au critère de souveraineté. Celui-ci concerne, de l'avis du ministre, les daïras frontalières, telles que Bordj Badji Mokhtar (Adrar), située à la frontière avec le Mali, ainsi que Bir El Ater (Tébessa), située à la frontière avec la Tunisie. M. Zerhouni a justifié ce critère par les relations avec les pays voisins, l'échange commercial et la sécurité. Il est fort possible que cette délimitation ait pour objectif de stopper le trafic et le va-et-vient qui se produit au niveau de ces-dites frontières. Par ailleurs, le ministre a expliqué que les wilayas déléguées seront régies par des walis déléguées représentant la wilaya. Elles comprendront également des directeurs délégués dans tous les domaines et assumeront les mêmes missions administratives que la wilaya, et ce, dans le cadre des démarches visant à rapprocher l'administration du citoyen. Pour M. Zerhouni, ce n'est qu'une fois les moyens matériels et humains mis en place que la wilaya déléguée assumera les pleines charges d'une nouvelle wilaya et pourra ensuite être rattachée à d'autres daïras et communes.