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Si on ne change pas de politique, c'est le FMI qui nous attend en 2017
Boubaker Miloudi : Enseignant-chercheur en sciences économiques à l'université d'Alger 3
Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2015

Un dinar qui n'arrête plus de se déprécier, un baril dont le prix s'enfonce semaine après semaine, des réserves de change qui s'épuisent…
Dans la lignée des économistes qui s'alarment des mesures prises par le gouvernement, Boubaker Miloudi insiste sur l'urgence de définir un modèle pour 2030 et de relancer le système productif
Les acteurs économiques ont globalement salué les mesures prises dans la LFC, soulignant toutefois qu'elles n'étaient pas suffisantes parce que non structurelles. Est-ce aussi votre avis ?
En effet, les mesures prises par le gouvernement pour tenter de limiter les importations et les dépenses improductives par des mesures administratives ne permettent de gagner qu'un peu de temps. Les problèmes de fond demeurent.
Ce qu'il faut, ce sont des réformes structurelles. En clair, encourager l'investissement productif en augmentant les moyens de production et mettre en place une organisation économique efficace avec des entreprises rentables et des institutions en mesure de garantir leur essor.
En un mot, nous avons besoin d'une véritable stratégie économique de développement du pays, et pour cela il faut mettre tous les acteurs économiques autour d'une table et dégager les priorités. On doit savoir comment se projeter d'ici 2030 dans une Algérie qui ne pourra plus compter sur le pétrole.
Le cours du dinar s'est déprécié de 11% contre le dollar américain entre fin décembre 2014 et fin mars 2015. Et il a encore perdu de la valeur au deuxième trimestre.
Quel impact cela a-t-il concrètement sur l'économie algérienne et sur notre pouvoir d'achat ?
Le dinar est affecté directement par la chute du prix du baril. Cette dépréciation du dinar sans contrepartie, c'est-à-dire sans production locale et sans exportation, ne peut avoir que des effets négatifs sur l'économie algérienne. D'abord sur les entreprises, particulièrement les industries qui utilisent des inputs importés. Ces entreprises vont augmenter les coûts de fabrication, ce qui se répercutera sur les prix de vente de produits fabriqués – ou plutôt assemblés – localement.
Ensuite, donc, l'impact est ressenti par les ménages, qui consomment de plus en plus des produits importés. Comme le dinar s'est déprécié, il a perdu de sa valeur par rapport aux biens : il faut donc plus de monnaie pour acquérir le même bien, ce qui correspond à une perte de pouvoir d'achat. Si la dépréciation de la monnaie ne modifie pas structurellement l'économie d'un pays à court terme, d'ici 2017, il en sera autrement. Entre 2014 et 2015, il a déjà perdu presque un quart de sa valeur !
Pour limiter les importations, le gouvernement aura désormais recours aux licences, et en moins d'un an, la Banque d'Algérie a décidé, pour la seconde fois, de limiter les capacités des banques à domicilier des opérations de commerce extérieur par le crédoc, (le) seul document permettant d'importer. Cela suffira-t-il ?
Le recours à la licence doit être une mesure provisoire. Les importations, qui se chiffraient à 10 milliards de dollars en 2000, ont atteint 60 milliards de dollars en 2015 ! Pour quels résultats et pour quelle production ? En quinze ans, l'économie algérienne n'a pas pu absorber 60 milliards. Une grande partie a été dilapidée en surfacturation, surcoût et gaspillage.
Dans la phase de développement actuelle, l'importation ne devrait pas excéder 30 milliards de dollars. Il faut aussi se poser des questions sur le secteur industriel, par exemple, qui est en déclin. Il faut se poser la question : comment en est-on arrivés là ? Regardons le secteur industriel : il participait à hauteur de 30% du PIB dans les années 1970. En 2015, il ne pèse que 5% du PIB ! Les entreprises industrielles sont devenues des entreprises industrielles familiales et commerciales à faible valeur ajoutée. Tout cela est logique, puisque le gouvernement a tout fait pour qu'il soit plus facile d'importer que de produire.
Certains économistes estiment que toutes les réformes économiques sont bloquées par un certain nombre de tabous politiques, comme le refus de toucher aux subventions ou d'avoir recours à l'endettement extérieur...
C'est vrai. Pour changer de modèle économique, il faut une volonté politique. Quand on examine la politique actuelle des subventions, l'Etat algérien alloue une part très importante de son budget au soutien des prix sous toutes ses formes, y compris les produits de première nécessité et les transferts sociaux, qui représentent 30% du PIB. Cette politique génère beaucoup de gaspillage et d'abus (comme la fuite des produits vers les pays limitrophes, etc.).
Par ailleurs, elle n'est pas juste, puisque le plus riche paie le litre de lait au même titre que le plus démuni. En Arabie Saoudite par exemple, le prix du pain est soutenu, mais il fait tout de même 25 DA. Il faut changer de politique et cibler les ménages les plus défavorisés.
A partir d'une politique juste et efficace, il est possible de ramener les subventions à 10% du PIB, le reste pourrait être destiné aux secteurs productifs qui génèrent de l'emploi durable et des revenus. Si on ne change pas de politique de subventions et de soutien des prix, nous allons directement vers un endettement extérieur et c'est le FMI qui nous attend vers 2017.
Plusieurs acteurs économiques craignent que l'ouverture du marché iranien et son projet d'augmenter la production de 500 000 barils par jour à un million de barils n'affecte l'attractivité de l'Algérie et un peu plus le prix du baril. Qu'en pensez-vous ?
Vous parlez de l'ouverture du marché iranien et de son projet d'augmenter la production de 500 000 barils/jour à un million de barils/j, mais il faudrait aussi évoquer l'Irak et bientôt la Libye qui vont, eux aussi, augmenter leur production ! Et l'Arabie Saoudite qui a également annoncé qu'elle augmentait sa production. Il ne faut pas non plus oublier le recul de la demande de la Chine en hydrocarbures depuis deux ans. L'offre va largement dépasser la demande mondiale qui ne pourra pas absorber le surplus.
C'est d'ailleurs ce que prédit le dernier rapport de la Banque mondiale. Le cours du baril de brent pourrait perdre environ 20% d'ici 2016. On s'approcherait d'un baril à 40 dollars…
Voilà pourquoi il faut d'urgence relancer la production, seule véritable richesse d'un pays. L'Etat le dit, mais il ne le fait pas. L'économie algérienne est aujourd'hui une économie dont la production ne répond pas aux besoins essentiels de la population.
La véritable richesse d'un pays, c'est le travail productif, le seul capable de relever le défi du développement. Il faut dresser un bilan exhaustif et réel de l'état de l'économie, des accords passés avec l'étranger – je pense à la communauté européenne – pour partir sur de nouvelles bases. Il faut admettre qu'un pays ne peut être développé par des étrangers.
Ce sont les nationaux seuls qui peuvent relever le défi du développement. Et pour commencer, les pouvoirs publics doivent faire confiance à l'université algérienne qui comprend d'éminents experts avec de bonnes équipes de recherches réparties dans tous les domaines.


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