Des dirigeants de pays d'Afrique de l'Est participaient, hier à Addis-Abeba, aux pourparlers de paix concernant le Soudan du Sud, auxquels se rendra finalement le président Salva Kiir, pour tenter d'arracher un accord aux belligérants, soumis à une forte pression internationale. Le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles ont jusqu'à aujourd'hui pour signer un accord afin de mettre fin à vingt mois de guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts. Le président sud-soudanais, Salva Kiir, assistera finalement aux pourparlers de paix à Addis -Abeba pour tenter de mettre fin à la guerre civile, revenant sur une précédente décision de ne pas s'y rendre, a annoncé hier son gouvernement. A Juba, capitale sud-soudanaise, le ministre des Affaires gouvernementales, Elia Lomuro, a toutefois indiqué que bien que M. Kiir se rendrait dans la capitale de l'Ethiopie voisine, il ne serait pas possible de signer un accord de paix complet tant que toutes les factions rebelles ne seront pas présentes à la table des négociations. En début de semaine, plusieurs chefs rebelles, dont Peter Gadet, chef de guerre frappé début juillet par des sanctions de l'ONU, avaient annoncé faire scission de la rébellion. «Riek Machar a déjà été mis de côté et désavoué par sa propre armée» et ses alliés politiques, a affirmé M. Lomuro devant des journalistes. «Si nous signons un accord de paix, nous devons le signer avec toutes les factions et tous les groupes qui se battent», a-t-il affirmé. Le président Kiir «va y aller et expliquer à ses collègues les difficultés pour signer l'accord» de paix, a-t-il déclaré, ajoutant que le chef de l'Etat se rendrait à Addis-Abeba. La guerre civile au Soudan du Sud a débuté en décembre 2013, dans la capitale Juba, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé son vice-président Nuer Riek Machar, tout juste limogé, de fomenter un coup d'Etat. Les violences, à forte connotation ethnique, ont fait depuis lors des dizaines de milliers de morts, avec de terribles atrocités contre les civils, dans un pays déjà accablé par la pauvreté. Après la signature de sept cessez-le-feu, aussi vite violés qu'ils avaient été signés, ces dernières discussions sous supervision des médiateurs régionaux de l'organisation intergouvernementale est-africaine (Igad) apparaissaient comme la plus sérieuse opportunité pour les belligérants de mettre fin au conflit qui ensanglante le plus jeune pays du monde, dont l'indépendance avait été célébrée dans l'enthousiasme en juillet 2011. Ce dernier round de négociations s'était ouvert le 6 août sous la médiation de l'Igad, de l'ONU, de l'Union africaine, de la Chine et de la «troika» composée de la Grande-Bretagne, de la Norvège et des Etats-Unis. L'Igad a reçu le soutien de poids du président américain, Barack Obama, lors de sa récente visite en Ethiopie. Il a donné jusqu'au 17 août pour trouver un accord, faisant planer la menace de sanctions contre les deux camps. Des diplomates ont mis en garde contre tout échec dans la signature d'un accord de pays, menaçant les parties rivales «de conséquences sérieuses». «Nous attendons des parties représentées à Addis-Abeba (...) qu'elles négocient avec bonne foi et signent un accord», ont déclaré l'Igad et des médiateurs internationaux dans un communiqué. Le ministre britannique pour l'Afrique, Grant Shapps, a brandi vendredi d'éventuelles «sanctions ciblées» et évoqué un embargo sur les armes, si aucun accord n'est trouvé entre les belligérants. Le président ougandais, Yoweri Museveni, qui a envoyé des troupes au Soudan du Sud pour soutenir le président Kiir, a déclaré hier avoir eu des entretiens à huis clos avec le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, et le président soudanais Omar El Béchir. Le président kényan Uhuru Kenyatta s'est également rendu hier à Addis-Abeba. Plus de 70% de la population sud-soudanaise (12 millions d'habitants) ont besoin d'une assistance humanitaire, et 2,2 millions de personnes ont fui leurs foyers, selon l'ONU qui a fait état d'un risque de famine dans certaines zones.