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L'Etat doit devenir actionnaire majoritaire de l'activité de fabrication de tubes Smaïn Kouadria. Député du Parti des travailleurs et ex-syndicaliste à El Hadjar
Le complexe El Hadjar est un endroit où les protestations sociales ont lieu très régulièrement. Pourquoi ? Aujourd'hui, sous prétexte qu'un pacte social a été signé lors de la tripartite, on ne veut plus entendre parler de revendications. Le complexe est une zone de travail où il y a beaucoup de nuisances. Des zones chaudes et pénibles comme les hauts fourneaux et l'aciérie par exemple. Les employés n'ont pas suffisamment de moyens de protection, individuels ou collectifs. Les installations sont obsolètes. Depuis la privatisation, on attend toujours la réhabilitation et la rénovation. Les salariés n'ont aucune source de motivation : il n'y a pas de prime pour compenser ces difficultés. Les travailleurs ne se sentent pas non plus en sécurité. L'Etat est absent. La situation de l'entreprise n'est suivie par personne. Sans perspective, ils sont forcément mécontents. Les syndicats passent alors à l'action. S'il y avait une bonne communication, il y aurait moins de problèmes. Les salariés sont là pour travailler. Enfin, en criminalisant les travailleurs, on les pousse à se conduire de façon virulente.Lorsque l'on leur ferme les portes de leur entreprise, qu'attend-t-on d'eux ? Le droit du travail est-il bafoué selon vous, comme l'affirme Abdelmadjid Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, dans une lettre au ministre de l'Industrie et des Mines ? Il y a des dépassement concernant la relation avec les partenaires sociaux : des licenciements abusifs, des entorses à la législation du travail. Pour la partie du complexe qui fabrique des tubes, on a licencié le secrétaire général du syndicat et on a interdit l'accès à l'usine aux syndicalistes. Le code du travail institue pourtant le principe de la négociation. Ici, l'employeur est à l'origine de dépassements dangereux. Interdire aux syndicats de se réunir, c'est grave. Ils sont allés jusqu'à prendre des photos des salariés présents lors des assemblées générales. Ils ont identifié les meneurs et envoyé des questionnaires. La grève est un droit protégé par la Constitution. Ces employés ont suivi toutes les règles. La justice fonctionne malheureusement à deux vitesses, et le tribunal a estimé qu'il s'agissait d'une grève illégale. Aujourd'hui, la situation est en train de s'envenimer. Il y a des rassemblements chaque jour. Les responsables affirment que l'entreprise est financièrement fragile, mais la Banque extérieure d'Algérie a donné 600 millions de dollars pour sortir l'entreprise de la faillite à la fin de l'année dernière. Quel est le problème ? Cet argent a été mis à la disposition de l'entreprise pour réhabiliter les installations. Les lignes de crédit ouvertes par la banque doivent servir à assurer le fonctionnement du complexe pendant la réhabilitation. Mais le problème n'est pas l'investissement. L'Algérie importe un milliard de dollars de tubes, des tubes similaires à ceux que nous fabriquons dans le pays. Le gouvernement nous parle de promouvoir la production nationale mais sur le terrain c'est le contraire. Lorsque des appels d'offres sont lancés, les usines nationales sont systématiquement écartées de manière ingénieuse. Dans l'avis, il est prévu qu'il faut pouvoir produire toute une série de diamètres de tubes, or ils savent bien que nos complexes n'en produisent que certains et pas d'autres. Comme il faut pouvoir tout fournir, ils excluent les Algériens et négocient avec des traders qui eux négocient avec les marchés asiatiques. Quelle serait la solution, selon vous ? L'Etat doit devenir actionnaire majoritaire de l'activité de fabrication de tubes et accompagner la production. Sonelgaz et Sonatrach ont beaucoup à y gagner.