Le conflit social à ArcelorMittal Annaba s'enlise. Entre le syndicat et les responsables de l'entreprise, le torchon brûle depuis un peu plus d'un mois. Lors du point de presse qu'il a animé, avant-hier, au siège de l'entreprise, le secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Annaba a confirmé la décision des travailleurs, annoncée depuis trois semaines, d'entrer en grève, dès aujourd'hui. Il a également menacé de faire des révélations. Les revendications salariales soumises à l'employeur ne sont pas satisfaites d'où cette colère qui trouve sa raison d'être dans l'attitude intransigeante de la direction quant au traitement du dossier. Le secrétaire général du syndicat, Smaïn Kouadria, regrette que l'employeur ait refusé jusqu'ici de procéder à l'application du volet de l'accord de la tripartite, malgré l'insistance des syndicalistes. Mieux, le syndicat de l'entreprise menace de faire des révélations sur les malversations présumées d'anciens cadres indiens de la filiale algérienne du géant mondial de l'acier. Ceci, dans l'optique d'amener les responsables à se mettre à table pour négocier. «Des billettes importées par milliers à 660 dollars/tonne ont vu leur valeur chuter de 200 dollars/tonne, après leur transformation au complexe. Ce n'est pas normal. Dix années après sa reprise du complexe El Hadjar, le groupe ArcelorMittal n'a toujours pas investi un seul centime dans la réhabilitation des équipements de production», a affirmé M. Kouadria au cours de la même conférence de presse. Ce dernier a encore déclaré «je dévoilerai ces dossiers après la grève générale illimitée», se contentant d'affirmer que, pour le moment, «notre seul souci reste la sauvegarde des intérêts des travailleurs». Les déclarations de M. Kouadria interviennent après celles de Vincent le Gouïc, directeur général d'ArcelorMittal Annaba, sur la corruption au sein de cette entreprise. «Nous avons lutté contre la corruption et les pratiques douteuses», a-t-il dit dans une lettre adressée aux salariés du complexe sidérurgique. Quant au mouvement de grève, l'employeur a fait savoir aux grévistes qu'«il est de notre devoir et de notre responsabilité de vous rappeler que même si nous prenons toutes les dispositions vis-à-vis de nos installations, cette grève mettrait encore une fois notre haut fourneau (HF) en risque, sachant qu'il vient de redémarrer difficilement». Aux dernières nouvelles, nous croyons savoir que le patron indien Mittal Lakshmi a expliqué au Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, que cette grève menace quasiment la stabilité de l'usine. La dernière en date avait coûté à l'usine 45 milliards de centimes soit 6 millions de dollars, aurait fait savoir le patron dans son argumentaire qui aurait été présenté aux autorités algériennes.