Présente en Algérie de longue date pour avoir été le partenaire unique de l'entreprise nationale de fabrication de pompes, POVAL, la société allemande ODDESSE, l'un des leaders actuels en Europe dans le domaine de la fabrication des pompes à eau, moteurs et systèmes, affiche une réelle volonté de s'installer durablement sur le marché algérien à travers l'établissement d'un joint venture avec POVAL, une entreprise qu'elle connaît bien, puisqu'elle a été à l'origine de sa création au début des années 1980. Un joint venture que les deux côtés souhaitent se réaliser le plutôt possible pour couronner ainsi une longue histoire de coopération. Mais entre le souhait et la réalité se dresse l'administration algérienne. Notre visite au site de l'entreprise ODDESSE à Oschersleben dans la région fertile de Magdeburg, à 170 km de Berlin, nous a permis de rencontrer ses responsables qui nous ont donné un aperçu historique sur leur société et sur leur longue expérience avec leur partenaire POVAL en Algérie. Après avoir fait faillite en 1994 faute de financements, ODDESSE a été proposée à la privatisation, ce qui a permis à deux de ses anciens cadres de la reprendre. Grâce à l'aide de l'Etat, les nouveaux patrons de l'entreprise ont pu fonder une autre usine en 1998 beaucoup plus spécialisée et avec une nouvelle équipe de travailleurs. La nouvelle ODDESSE, indique son manager général Harald Schmidt, misait beaucoup sur ses anciens partenaires pour continuer à travailler et faire face à la compétition internationale. A ce titre, POVAL, souligne-t-il, a été toujours un partenaire important pour ODDESSE. Cette dernière, rappelle le manager, a participé à l'étude et à l'installation de l'unité de pompes à Berrouaghia de 1980 à 1982. Aussi, plusieurs cadres algériens de l'unité ont été formés en Allemagne, non seulement dans le domaine de la fabrication des pompes mais aussi des moteurs. « C'était important pour nous de former les gens qui vont par la suite vendre nos produits en Algérie. L'idée d'une joint venture future était déjà présente à ce moment-là », note le responsable. Pas moins de 20 000 moteurs et 5000 pompes immergées ont été vendus en Algérie jusque-là. En 1997, les deux partenaires ODDESSE et POVAL ont signé, fait-il savoir, un protocole d'accord pour commencer conjointement la fabrication des groupes de pompes et des moteurs au site de Berrouaghia avec, comme objectif, l'établissement d'une joint venture à l'avenir. Entre 2000 et 2002, cette joint venture, poursuit M. Schmidt, a été négociée et le contrat d'achat préparé avec les autorités algériennes compétentes de l'époque. Mais pour des raisons de changements de conditions (nouveau tarif douanier), les négociations se sont arrêtées. « C'était devenu plus bénéfique pour nous de vous vendre les pompes que de les monter sur place en Algérie », explique l'opérateur. Entre temps, ODDESSE et POVAL, souligne notre interlocuteur, continuaient à travailler sur la base de contrats cadres annuels pour la fourniture de pompes et moteurs modernes en version CKD. A la fin 2004, l'Algérie a approché les responsables d'ODDESSE pour la reprise des négociations. « On avait de bonnes négociations avec la SGP Equipag (tutelle de POVAL) et on avait une base pour réaliser la joint venture », fait-il savoir, en soulignant que « l'objectif de cette joint venture est d'investir sur les deux sites de POVAL à Rouiba et à Berrouaghia, d'introduire des produits et des technologies nouvelles, de qualifier le personnel ainsi que de servir le marché algérien et le Maghreb de façon provisoire avec des pompes et moteurs de haute qualité ». Les négociations intensives ont été terminées en novembre 2005 du fait de la mise de l'unité de POVAL à Rouiba en adjudication publique. ODDESSE a participé à l'appel d'offres en février 2006 avec deux autres candidats. Deux mois après, les responsables de l'entreprise allemande ont été informés que leur offre n'est pas satisfaisante et que le site de l'unité de Rouiba sera de nouveau mis en adjudication. Ce que le manager général de ODDESSE n'arrive pas à comprendre dans les conditions mises en place pour la reprise de l'entreprise, objet de l'adjudication, c'est le fait d'accorder le plus grand nombre de points au côté financier (70 points) et le reste pour le concept d'investissement futur. Cela voudrait dire, d'après lui, que le seul souci est de donner plus d'argent pour le foncier et l'immobilier de l'entreprise. « Si on a réussi à mener au bout le processus de privatisation en Allemagne, c'est parce qu'on a fait exactement l'inverse de ce qui ce fait maintenant en Algérie, car le plus important c'est de sauver les entreprises et les travailleurs », fait-il remarquer. Pour notre cas en Algérie, explique M. Schmidt, « on ne veut pas acheter le marché algérien parce que on y est déjà. Ce que nous voulons c'est un site commun avec les Algériens et nous avons l'accord de POVAL pour cela ». Une bureaucratie que le gérant avoue avoir des difficultés à comprendre.