Le président malien, Ibrahim Boubacar Keita, effectue à partir d'aujourd'hui une visite de trois jours (du 30 au 1er septembre) en Algérie. Cette visite – à l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika – «confortera une longue tradition de fraternité, de solidarité, de coopération et de bon voisinage qui existe entre l'Algérie et le Mali», selon un communiqué de la présidence de la République. Selon la même source reprise par l'APS, «les entretiens qu'auront à cette occasion les deux chefs d'Etat leur permettront d'échanger leurs vues sur les questions régionales et internationales, au premier chef desquelles la mise en œuvre de l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali et au bénéfice de ses voisins, ainsi que de la sécurité dans la sous-région». Cela dit, la visite de Boubacar Keita en Algérie intervient alors que la paix dans le nord du Mali s'éloigne. La situation sécuritaire s'est dégradée dans cette région, notamment à Kidal où Anefis est occupée de force par la Plateforme, suite à des combats, survenus à la mi-août dernière, contre la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Ce qui entraînera dans l'impasse la mise en œuvre de l'accord de paix signé le 19 juin dernier à Alger. Un processus pour lequel la Coordination des mouvements de l'Azawad a suspendu sa participation, en exigeant la «libération» de la ville d'Anefis passée sous le contrôle des rebelles pro-Bamako. Pendant ce temps, la médiation internationale pour la paix dans le nord du Mali a tenté de sauver la situation. Elle a appelé les groupes armés qui se sont récemment affrontés à revenir aux positions qu'ils occupaient avant le 20 juin dernier, date de la signature de l'accord pour le retour à la paix. Le comité de suivi de l'accord d'Alger (CSA), conduit par l'Algérie, a également exigé la libération des prisonniers détenus depuis les événements d'Anefis. L'accord a été signé le 15 mai par le gouvernement malien et ses alliés pour mettre fin au conflit au Mali. La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a établi après ces incidents une «zone de sécurité» autour de Kidal (à 1500 km au nord-est de la capitale Bamako), pour tenter de faire baisser la tension. Le comité de suivi, dirigé par l'Algérie, a été mis en place en juin, après la signature de l'Accord de paix d'Alger par la CMA, afin de superviser sa mise en application. Le gouvernement malien a récemment mis en garde la Mission de l'Onu contre «tout traitement inéquitable», après qu'elle eu entamé la mise en place d'une «zone de sécurité» autour de Kidal. La Minusma, qui a demandé au Groupe autodéfense imghad et alliés (Gatia) et aux autres groupes pro-Bamako, rassemblés au sein d'une coalition dite Plateforme, de ne pas franchir ce périmètre de 20 km, ce qu'elle considère «comme constituant un danger imminent pour la sécurité de la population» de Kidal. De son côté, le gouvernement malien a exhorté la Minusma à «rester dans son rôle de protection des populations, de toutes les populations, dans toutes les zones exposées, à l'instar de Kidal, aux mêmes risques d'insécurité». A Alger dès aujourd'hui, Ibrahim Boubacar Keïta réussira-t-il à convaincre toutes les parties (les pro-Bamako) pour un dénouement pacifique à Anefis ? Sauvera-t-il enfin le plan de paix signé à Alger pour une paix au Mali ?