Le groupe terroriste Etat islamique (EI) a réduit en poussière plusieurs célèbres tours funéraires de Palmyre, en Syrie, traduisant une volonté systématique de détruire ce qui reste des trésors de cette cité antique. Au cours des deux dernières semaines, Daech avait déjà amputé ce site classé au patrimoine mondial de l'humanité de ses plus beaux temples, ceux de Bêl et Baalshamin, détruits à coups d'explosifs. Outre son lourd bilan humain avec plus de 240 000 morts et quatre millions de personnes contraintes à l'exil, souvent au péril de leur vie, la guerre qui ravage la Syrie depuis plus de quatre ans a des conséquences dévastatrices sur un patrimoine d'une valeur internationale inestimable. «Ils (les terroristes) ont fait exploser plusieurs tours funéraires, notamment les trois mieux préservées, les plus belles», a affirmé à la presse le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. «Nous avions reçu des rapports il y a dix jours, mais nous venons de confirmer l'information», a-t-il dit. Le site internet du Syrian Heritage Initiative, un institut basé aux Etats-Unis, a diffusé une image satellitaire montrant la disparition d'«au moins sept tombes». Cette photo aurait été prise le 2 septembre, selon M. Abdelkarim. Les célèbres tombeaux-tours d'Elahbel, de Jamblique et de Khitôt, «construits par de riches familles de l'antique Palmyre et qui étaient le symbole de l'essor économique de la ville durant les premiers siècles après J.-C.», ont été détruits, a expliqué le chef des Antiquités. Les monuments funéraires sont situés dans la Vallée des tombeaux et «témoignent de remarquables méthodes de décoration et de construction», selon la page de l'Unesco. L'EI, qui a profité de la guerre civile pour s'implanter en Syrie, s'était emparé le 21 mai de Palmyre, à 205 kilomètres à l'est de Damas, après en avoir chassé les forces gouvernementales, suscitant aussitôt la crainte pour l'avenir du patrimoine syrien. Les terroristes considèrent les statues ou fresques représentant des hommes ou des animaux comme de «l'idolâtrie» et ont déjà détruit pour cette raison plusieurs trésors archéologiques en Irak et en Syrie. Le 23 août, les criminels de Daech ont fait exploser le temple de Baalshamin à Palmyre. Quelques jours plus tôt, ils avaient mutilé le corps de l'ex-patron des Antiquités de la ville, Khaled Al Assaad, 82 ans, un des meilleurs experts mondiaux, après l'avoir exécuté. Dimanche dernier, ils ont rasé le temple de Bêl, souvent présenté comme le plus beau du Moyen-Orient avec celui de Baalbeck au Liban. Archéologues et experts du monde entier n'ont cessé de tirer la sonnette d'alarme depuis des mois. Leurs craintes les plus sombres se sont depuis concrétisées avec le début de la dévastation de Palmyre, «la perle du désert» syrien.