Le cliché montrant un bambin de trois ans, Aylan Kurdi, mort noyé en Turquie, a pimenté la campagne électorale fédérale au Canada, tout en soulevant le cœur de l'opinion publique. Le gouvernement sortant s'est mis sur la défensive devant les attaques des partis d'opposition au sujet du traitement de la question des réfugiés syriens. Le Premier ministre conservateur, Stephen Harper, a estimé que l'aide aux réfugiés doit s'insérer dans le triptyque adopté par son gouvernement : l'aide humanitaire et la guerre contre l'Etat islamique et ce dans le cadre de la coalition internationale. Autrement dit, selon M. Harper, il suffit de phagocyter la nébuleuse Daech pour qu'il n'y ait plus de réfugiés. Or, le programme d'accueil des réfugiés semble tâtonner. Et pour cause, les quotas fixés préalablement ne sont pas atteints. Du pain bénit pour l'opposition qui n'a pas manqué de pourfendre la politique du gouvernement fédéral en matière d'immigration. Le Canada promet d'accueillir 10 000 réfugiés syriens et irakiens supplémentaires pour atteindre l'objectif de 23 000 réfugiés, alors que le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Tom Mulcair, exige l'accueil de ce chiffre à court terme, au moment où l'autre parti d'opposition, le Parti libéral du Canada (PLC) de Justin Trudeau, fait la promesse d'en accueillir 25 000 "le plus tôt possible". Simple surenchère électorale, puisque dans les faits, le Canada a accueilli durant le premier trimestre 2015 moins de 1000 réfugiés syriens et irakiens. Devant le débat d'apothicaires sur le nombre de réfugiés, le chef du gouvernement du Québec, Philippe Couillard, a déclaré que la province est prête à ouvrir les portes davantage pour accueillir les réfugiés. "C'est tragique qu'on ait eu besoin de la photo d'un enfant mort pour réveiller notre conscience", regrette-t-il, tout en appelant à la solidarité et à la mobilisation. La question des réfugiés est une compétence partagée entre les deux niveaux institutionnels, fédéral et provincial. Les provinces s'entendent avec Ottawa sur le nombre de réfugiés et leur provenance. Dans ce remue-ménage, des experts ont relevé qu'Ottawa a changé d'approche dans la gestion et l'accueil des réfugiés. Dans les années 1970 et début des années 1980, le Canada avait accueilli plus de 60 000 Vietnamiens qui fuyaient les régimes communistes après la chute de Saïgon en 1975. Par ailleurs, la section canadienne francophone d'Amnesty International appelle à un rassemblement sous forme de chaîne humaine, mercredi 9 septembre à Montréal. "Formons ensemble une longue chaîne humaine en signe de solidarité avec tous les réfugiés dans le monde", affirme AI dans son communiqué qui précise que, devant ces nouvelles catastrophiques, les Etats, dont le Canada, ont le devoir de porter secours aux réfugiés. Cette action s'inscrit dans le cadre de la journée "The Dolomites Embrace Human Rights" prévue le 13 septembre et qui vise à établir un monde de liberté, de justice et de paix. Y. A.